1720 mètres d’altitude, 880 mètres de dénivelé, 15,7 km de sentiers sinueux.
Le Crêt de la Neige domine fièrement le massif du Jura, offrant aux randonneurs une aventure technique et naturelle d’exception.
Dès les premiers pas sur le sentier des Trente-Deux Contours, l’air frais et chargé d’effluves de sapins annonce une ascension mémorable.
Ce sommet, nommé pour sa neige persistante visible de loin, cache bien plus que son manteau blanc : une histoire millénaire, une biodiversité unique et des panoramas à couper le souffle.
L’appel des Trente-Deux Contours : une belle mise en jambes
Le départ s’effectue du parking du Moulin des Moines, situé à 1 km de Lélex sur la D991. Dès les premiers mètres, le sentier des Trente-Deux Contours plonge dans une forêt dense, offrant une ombre bienvenue en été. La pente, d’abord douce, se raidit progressivement.
Après 1,5 km, le chemin entame une série de virages serrés qui justifient pleinement son nom.
Le dénivelé s’accentue, passant de 5% à près de 15% sur certains tronçons. Les racines affleurantes et les pierres demandent une attention constante.
À mi-parcours de cette section, vers le 2e kilomètre, un petit replat offre une pause bienvenue. C’est l’occasion de reprendre son souffle et d’observer les premiers changements de végétation, les hêtres cédant progressivement la place aux épicéas.
La jonction des sentiers : carrefour stratégique à 1400 mètres
Après 3,5 km d’effort, le sentier des Trente-Deux Contours débouche sur un carrefour crucial.
C’est ici que se rejoignent le GR 509 et la Grande Traversée du Jura (GTJ). Le panneau indiquant « Crêt de la Neige » pointe vers la gauche, suivant un balisage jaune.
Ce point marque une transition importante. La forêt s’éclaircit, offrant les premières échappées visuelles sur les vallées en contrebas.
L’air se fait plus vif, chargé des senteurs d’altitude.
Pour les randonneurs cherchant une alternative moins technique, une variante part sur la droite, gravissant une butte jusqu’à la cote 1680. Elle redescend ensuite en effectuant une large boucle vers la droite, rejoignant l’itinéraire principal plus loin.
L’ascension finale pour toucher le ciel jurassien
Les 2,2 derniers kilomètres vers le sommet représentent le défi ultime de cette randonnée. Le sentier, bien que clairement balisé, devient plus technique. Des passages sur des dalles calcaires demandent une attention particulière, surtout par temps humide.
À 1,5 km du sommet, le paysage change radicalement. La végétation se fait plus rase, composée principalement de genévriers nains et de pelouses alpines. C’est le royaume du Grand Tétras et de la Gélinotte, même si ces oiseaux emblématiques restent discrets.
Les 500 derniers mètres offrent un panorama de plus en plus vaste. Par temps clair, le massif du Mont-Blanc se dessine à l’est, tandis que le bassin lémanique s’étale au nord. Chaque pas rapproche le randonneur du toit du Jura, dans une ambiance de haute montagne saisissante.
Le sommet du Crêt de la Neige : 1720 mètres d’émotions
Atteindre le sommet du Crêt de la Neige, c’est fouler le point culminant du massif jurassien. Une borne géodésique marque officiellement cette altitude de 1720 mètres. Le panorama à 360° est tout simplement époustouflant, embrassant une grande partie de la chaîne des Alpes, le lac Léman et, par temps exceptionnellement clair, le massif des Vosges au nord.
Un tourniquet bleu marque le début de la descente vers Lélex.
C’est aussi le point de départ d’une variante plus technique vers le Reculet, sommet voisin où une croix érigée par les forgerons de Thoiry rappelle l’importance culturelle de ces montagnes.
« Quand j’arrive au sommet du Crêt de la Neige, j’ai toujours cette sensation étrange d’être à la fois sur le toit du Jura et au pied des géants alpins. C’est un endroit unique où l’on prend vraiment conscience de la grandeur de nos montagnes. »
– Marie Durand, accompagnatrice en moyenne montagne depuis 1995
La descente vers le refuge de la Loge : un répit bien mérité
La descente s’amorce en direction de Lélex, suivant toujours le GR 509. Le sentier, bien que moins raide que la montée, demande une certaine vigilance, notamment sur les premiers 500 mètres où des pierres roulantes peuvent être traîtresses.
Après 1,5 km de descente, le paysage s’adoucit. Les pelouses alpines laissent progressivement place à une forêt clairsemée. C’est dans cette zone que l’on peut, avec de la chance et de la patience, observer des chamois en début ou fin de journée.
Le refuge de la Loge apparaît après 3 km de descente, véritable havre de paix à 1400 mètres d’altitude. Ce refuge non gardé offre un abri bienvenu en cas d’intempéries et un point d’eau précieux. Il est recommandé de réserver si l’on souhaite y passer la nuit.
La traversée des alpages entre ciel et terre
Au sortir du refuge de la Loge, le sentier s’engage dans une section plus ouverte, traversant des alpages typiques du Haut-Jura. Sur 2,5 km, le parcours alterne entre de légères montées et des replats, offrant des vues dégagées sur les sommets environnants.
Cette partie du trajet est particulièrement spectaculaire en juin et juillet, lorsque les alpages se parent d’un tapis de fleurs multicolores. Gentianes, trolles d’Europe et anémones pulsatilles offrent un spectacle chromatique saisissant.
À mi-parcours de cette section, le sentier passe à proximité d’une zone humide. C’est un spot idéal pour observer la faune, notamment les oiseaux comme le Tarier des prés ou le Pipit spioncelle. Un petit détour de 200 mètres permet d’atteindre un point de vue exceptionnel sur le lac Léman.
Le refuge du Ratou : dernière halte avant le retour
Après avoir serpenté entre les pylônes du télésiège et du télécabine, le sentier rejoint le refuge du Ratou. Cette structure, plus moderne que le refuge de la Loge, offre un confort appréciable pour une pause prolongée ou une nuit sur place (réservation recommandée).
Le refuge du Ratou marque un point stratégique du parcours. C’est ici que les randonneurs peuvent choisir entre plusieurs options pour le retour :
- Continuer sur le GR 509 pour une descente progressive vers Lélex
- Emprunter le sentier plus direct qui plonge vers la station
- Opter pour une boucle plus longue passant par le Belvédère des 4 Lacs (ajoutant environ 3 km au parcours)
Quelle que soit l’option choisie, le panorama depuis le refuge mérite qu’on s’y attarde. Les Alpes se dressent majestueusement à l’est, tandis que la vallée de la Valserine s’étire en contrebas.
La descente finale : retour à la civilisation
Pour cette dernière partie, nous suivrons l’itinéraire le plus direct vers Lélex. Le sentier quitte le GR 509 pour plonger dans la forêt. La pente, assez soutenue sur les premiers 500 mètres, demande une attention particulière, surtout après une journée de marche.
Après 1,5 km de descente, le sentier s’adoucit et s’élargit, devenant plus confortable. Les sons de la forêt laissent progressivement place aux bruits lointains de la station. C’est le moment idéal pour faire le bilan de cette journée riche en émotions et en découvertes.
Les derniers 500 mètres offrent une vue dégagée sur Lélex. Le sentier débouche sur un parking de la D991, à quelques centaines de mètres du point de départ. Une courte marche sur la route (prudence !) ramène au parking du Moulin des Moines, bouclant ainsi cette magnifique boucle de 15,7 km.
Préparer son ascension du Crêt de la Neige : conseils d’expert
Équipement indispensable
Le Crêt de la Neige, malgré son altitude modeste, requiert un équipement adapté à la moyenne montagne :
- Chaussures de randonnée montantes et imperméables
- Vêtements techniques (première couche respirante, polaire, coupe-vent imperméable)
- Bâtons de randonnée, particulièrement utiles dans les sections raides
- Minimum 2L d’eau par personne (aucun point d’eau fiable sur le parcours)
- Nourriture énergétique pour la journée
- Carte IGN 3328OT et boussole (le GPS n’est pas infaillible en montagne)
- Trousse de premiers secours
- Couverture de survie et sifflet
Période optimale
La période idéale pour randonner au Crêt de la Neige s’étend de mi-juin à fin septembre. En dehors de cette période, les conditions peuvent être hivernales et nécessiter un équipement spécifique (raquettes, crampons).
Les mois de juillet et août offrent les meilleures conditions météorologiques, mais aussi la plus forte affluence. Juin et septembre permettent de profiter d’une nature plus calme et de couleurs spectaculaires (rhododendrons en juin, couleurs automnales en septembre).
Sécurité et réglementation
Le Crêt de la Neige se situe dans la Réserve Naturelle Nationale de la Haute Chaîne du Jura. Cela implique quelques règles à respecter :
- Interdiction de cueillir des plantes ou de déranger la faune
- Chiens interdits, même en laisse
- Bivouac autorisé uniquement entre 19h et 9h
- Feux strictement interdits
Il est crucial de vérifier la météo avant de partir et de ne pas hésiter à rebrousser chemin en cas de dégradation des conditions. Les orages peuvent être violents et soudains en montagne.
« Le Crêt de la Neige n’est pas à sous-estimer. J’ai vu trop de randonneurs mal équipés se faire surprendre par le froid ou le brouillard. Ici, la météo peut changer en quelques minutes. Être bien préparé, c’est la clé d’une belle randonnée en toute sécurité. »
– Jean-Pierre Millet, secouriste bénévole depuis 30 ans
Le Crêt de la Neige, une aventure à vivre et à revivre ?
Le Crêt de la Neige n’est pas qu’une simple randonnée, c’est une véritable aventure qui marque les esprits. Chaque saison apporte son lot de surprises et de beautés, invitant à revenir encore et encore. Que ce soit pour admirer les couleurs flamboyantes de l’automne, la pureté de la neige en hiver, l’explosion florale du printemps ou la majesté des paysages estivaux, le toit du Jura a toujours quelque chose de nouveau à offrir.
Cette randonnée technique mais accessible ouvre les portes d’un monde où nature et culture s’entremêlent, où chaque pas est une découverte. Alors, êtes-vous prêt à relever le défi du Crêt de la Neige et à écrire votre propre histoire sur ses sentiers millénaires ?
Pour approfondir vos connaissances sur la randonnée en montagne, n’hésitez pas à consulter nos articles sur la gestion de l’eau en randonnée, les techniques des professionnels de la montagne, ou encore les spécificités de la randonnée en altitude. Et si vous vous sentez l’âme d’un aventurier, notre article sur l’ascension de l’Everest pourrait bien vous inspirer pour de futurs défis !