321 kilomètres. 10 100 mètres de dénivelé positif. 14 jours de marche.
Le Camino Primitivo, ou Chemin Primitif, est la plus ancienne voie de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
Né d’une vision mystique dans la forêt de Libredón au IXe siècle, ce sentier traverse les régions sauvages des Asturies et de la Galice, offrant un défi unique aux randonneurs aguerris.
Entre patrimoine millénaire et nature préservée, le Camino Primitivo promet une aventure où chaque pas est chargé d’histoire.
D’Oviedo à Grandas de Salime : les prémices d’un voyage épique
Le périple débute à Oviedo, capitale des Asturies, dont la majestueuse cathédrale San Salvador marque le point de départ. Les premiers kilomètres offrent une transition douce entre paysage urbain et campagne verdoyante. À Grado, après 25 km, le chemin prend de la hauteur, annonçant les défis à venir.
L’étape cruciale survient entre Tineo et Pola de Allande, où le sentier s’élève brusquement. Le passage du Puerto del Palo, culminant à 1 146 mètres, exige endurance et détermination. Les 16 km suivants, sans point de ravitaillement, mettent à l’épreuve la préparation des marcheurs.
La Ruta de los Hospitales : un défi technique et historique
Cette section emblématique, longue de 16 km, suit d’anciennes voies romaines. L’absence totale de services sur ce tronçon en fait un véritable test d’autonomie. Par temps clair, les panoramas sur les vallées asturiennes sont à couper le souffle. Cependant, le brouillard fréquent peut rapidement transformer cette étape en défi d’orientation.
« Sur la Ruta de los Hospitales, j’ai vraiment ressenti le poids de l’histoire. Imaginer les pèlerins médiévaux sur ces mêmes pierres, c’est une expérience qui vous marque à vie. »
– Maria Fernandez, pèlerine espagnole, 62 ans
Grandas de Salime : la porte d’entrée en Galice
Après 100 km d’efforts, Grandas de Salime marque un tournant. Le barrage impressionnant sur le río Navia offre un contraste saisissant avec les paysages naturels traversés. C’est ici que les marcheurs quittent les Asturies pour entrer en Galice, changeant de région mais pas de défi.
O Acevo : le toit du Camino Primitivo
À 1 030 mètres d’altitude, O Acevo représente le point culminant du parcours en Galice. Les 5 km d’ascension depuis A Fonsagrada mettent les mollets à rude épreuve. La récompense ? Des vues imprenables sur les montagnes galiciennes et un sentiment d’accomplissement incomparable.
Lugo : un joyau romain sur le chemin
Après 180 km de marche, Lugo apparaît comme une oasis de civilisation. Ses murailles romaines, uniques au monde dans leur état de conservation, encerclent la vieille ville sur 2,1 km. C’est l’occasion idéale de faire une pause bien méritée et de plonger dans 2 000 ans d’histoire.
La gastronomie comme réconfort du pèlerin
Lugo est réputée pour sa cuisine traditionnelle. Le « pulpo a feira » (poulpe à la galicienne) y est une institution. Les tavernes de la Plaza do Campo offrent un cadre parfait pour goûter à cette spécialité, accompagnée d’un verre d’Albariño, le vin blanc local.
Melide : la jonction avec le Camino Francés
À 55 km de Saint-Jacques, Melide marque un tournant. Le Camino Primitivo rejoint ici le célèbre Camino Francés, plus fréquenté. Le contraste est saisissant : les sentiers isolés laissent place à une ambiance plus animée. C’est l’occasion de partager son expérience avec des pèlerins du monde entier.
L’ultime étape : l’arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle
Les 55 derniers kilomètres sont un mélange d’excitation et de nostalgie. Le Monte do Gozo, dernière colline avant Saint-Jacques, offre la première vue sur les flèches de la cathédrale. L’entrée dans la ville par la Porta do Camiño et la traversée de la vieille ville sont des moments chargés d’émotion.
« Quand j’ai aperçu les tours de la cathédrale depuis le Monte do Gozo, j’ai ressenti une joie indescriptible. Tous ces kilomètres, ces efforts, prenaient enfin sens. »
– John Smith, pèlerin américain, 45 ans
Préparation technique : l’équipement du pèlerin moderne
Le Camino Primitivo exige une préparation minutieuse. Des chaussures de randonnée robustes sont indispensables pour affronter les 321 km. Un sac à dos de 30-40 litres suffit, mais chaque gramme compte. La gourde est primordiale, certaines étapes offrant peu de points d’eau.
L’importance de la credencial
Ce « passeport du pèlerin » est essentiel. Il permet l’accès aux albergues (refuges) et valide votre parcours. Chaque tampon est un souvenir, mais aussi une preuve pour obtenir la Compostela à l’arrivée.
Climat et meilleure période : quand partir ?
Le climat varie entre les Asturies pluvieuses et la Galice plus tempérée. La période idéale s’étend de mai à septembre. Juin offre un équilibre optimal entre températures clémentes (18-21°C) et affluence modérée. Attention aux orages d’été en montagne, particulièrement en juillet-août.
Faune et flore : la biodiversité du nord de l’Espagne
Le Camino Primitivo traverse des écosystèmes variés. Les forêts de châtaigniers et de chênes des Asturies abritent une faune riche : sangliers, chevreuils, et parfois des ours bruns près du parc naturel de Somiedo. En Galice, les prairies alpines accueillent des rapaces comme l’aigle botté.
Au printemps, les sentiers s’parent de bruyères en fleur et d’orchidées sauvages. L’automne offre un spectacle de couleurs flamboyantes dans les forêts caduques.
Hébergement et logistique : du refuge spartiate à l’hôtel confortable
Les albergues, refuges traditionnels du pèlerin, ponctuent le chemin. Simples mais conviviaux, ils coûtent entre 5 et 10 euros la nuit. Pour plus de confort, des pensions et hôtels sont disponibles dans les villes principales comme Lugo ou Melide.
Le ravitaillement peut s’avérer complexe sur certaines étapes isolées. Oviedo, Salas et Tineo sont des points stratégiques pour faire le plein de provisions.
Variantes et détours : personnaliser son Camino
Bien que le tracé principal soit balisé, des variantes existent. La « Ruta de los Hospitales » offre une alternative plus sauvage et exigeante entre Borres et Berducedo. Pour les amateurs d’histoire, un détour par l’église pré-romane de San Antolín de Toques vaut le coup d’œil.
Le Camino Primitivo est-il fait pour vous ?
Ce chemin s’adresse aux randonneurs expérimentés, prêts à affronter des dénivelés importants et des étapes longues. Il offre une expérience authentique, loin du tourisme de masse. Si vous cherchez un défi physique doublé d’une aventure spirituelle, le Camino Primitivo vous attend. Préparez-vous à vivre une expérience transformatrice, où chaque pas vous rapproche non seulement de Saint-Jacques, mais aussi de vous-même.
Que vous soyez pèlerin moderne ou randonneur en quête de sens, le Camino Primitivo promet une aventure inoubliable. Alors, êtes-vous prêt à relever le défi de ces 321 kilomètres chargés d’histoire ?
Pour approfondir votre préparation, consultez nos guides sur la randonnée sportive en France et comment randonner sur de grandes distances. Et n’oubliez pas, une bonne préparation est la clé d’un Camino réussi !





