60 kilomètres de sentier côtier, 800 mètres de dénivelé cumulé, 3 à 5 jours de randonnée : l’Abel Tasman Coast Track est un condensé de la beauté sauvage néo-zélandaise.
Longeant les plages dorées du parc national Abel Tasman, ce sentier offre une immersion unique dans un écosystème préservé depuis 1942. Entre forêts de fougères arborescentes et criques cristallines, le parcours révèle une biodiversité exceptionnelle, ponctuée par la présence d’otaries à fourrure et de dauphins.
Accessible toute l’année, ce trek allie technicité modérée et paysages à couper le souffle, faisant de lui l’un des « Great Walks » les plus prisés de Nouvelle-Zélande.
De Mārahau à Anchorage : 12,4 km d’initiation côtière
Le sentier débute à Mārahau (40°58′41″S 173°00′33″E), point de départ sud du parc.
Cette première étape de 12,4 km offre une initiation en douceur au paysage côtier. Le chemin serpente entre forêt de manuka et plages de sable fin, offrant des vues spectaculaires sur la baie de Tasman. Après 4 km, la plage d’Apple Tree Bay invite à une première pause rafraîchissante.
Le sentier remonte ensuite légèrement dans la forêt, atteignant une altitude maximale de 150 mètres.
Ce passage en hauteur révèle des panoramas saisissants sur l’océan et les îlots environnants. La descente vers Anchorage (40°56′43″S 173°03′10″E) s’effectue en pente douce, aboutissant à une large plage de sable doré.
Faune et flore : un éveil des sens
Cette section du parcours est particulièrement riche en biodiversité. Les fougères arborescentes et les nikau, palmiers endémiques, créent une atmosphère presque tropicale. Guettez le vol des tui et des kererū, pigeons forestiers au plumage irisé. Sur les plages, les weka, oiseaux incapables de voler mais curieux, n’hésitent pas à s’approcher des randonneurs.
« Le matin, quand la brume se lève sur Anchorage Bay, on peut parfois apercevoir des dauphins jouant dans les vagues. C’est un spectacle qui me coupe le souffle, même après 20 ans de randonnées ici. »
– Sarah Tompkins, guide locale
D’Anchorage à Bark Bay : 12,1 km entre ciel et mer
La deuxième journée démarre par la traversée de l’estuaire de Torrent Bay, praticable uniquement à marée basse.
Ce passage, long de 1,5 km, nécessite une planification minutieuse basée sur les horaires de marée. Une fois l’estuaire franchi, le sentier s’élève progressivement, offrant des vues plongeantes sur Frenchman’s Bay.
À mi-parcours, le Cascade Falls Track propose une variante de 1,5 km (aller-retour) menant à une cascade rafraîchissante, idéale pour une pause.
Le sentier principal poursuit son chemin à travers une forêt dense de podocarpes avant de redescendre vers Bark Bay (40°55′00″S 173°03′54″E), une anse abritée aux eaux turquoise.
Défi technique : la traversée de Bark Bay
L’arrivée à Bark Bay présente un défi technique : la traversée de l’estuaire. Longue de 1 km, elle n’est possible que 2 heures avant et après la marée basse.
En dehors de ces horaires, un sentier alternatif de 2 km contourne l’estuaire par les hauteurs, ajoutant 150 mètres de dénivelé positif.
De Bark Bay à Awaroa : 11,5 km de diversité paysagère
Cette troisième étape offre une variété de paysages saisissante.
Le sentier quitte Bark Bay par une montée progressive dans la forêt, atteignant le point culminant du parcours à 200 mètres d’altitude. Ce passage en hauteur offre des vues panoramiques sur l’océan et les îles environnantes.
Après 5 km, le chemin redescend vers Onetahuti Bay (40°53′06″S 173°02′53″E), une plage de sable doré longue de 1 km.
C’est ici que l’on peut observer les otaries à fourrure de Nouvelle-Zélande, particulièrement sur les rochers de Tonga Island, visible au large.
La dernière partie du trajet longe la côte, alternant entre forêt côtière et plages isolées, avant d’atteindre l’imposant estuaire d’Awaroa (40°51′43″S 173°01′08″E).
Awaroa : un défi de timing et de navigation
La traversée de l’estuaire d’Awaroa est le point technique majeur du parcours. Longue de 2 km, elle n’est praticable que 1h30 avant et après la marée basse.
Une planification méticuleuse est essentielle, car en dehors de ces horaires, l’eau peut monter rapidement, rendant le passage dangereux voire impossible.
« J’ai vu des randonneurs sous-estimer Awaroa et se retrouver bloqués. Toujours vérifier les horaires de marée et ne jamais forcer le passage. La nature ici dicte son rythme, il faut l’accepter et s’adapter. »
– Mike Harding, garde du parc depuis 1995
D’Awaroa à Wainui Bay : le final en beauté
La dernière étape du sentier officiel mène d’Awaroa à Wainui Bay sur 16,9 km.
Ce tronçon traverse des paysages variés, alternant entre plages immaculées et forêts luxuriantes. Le sentier passe par Totaranui (40°50′31″S 173°01′37″E), un camping populaire et point d’accès intermédiaire du parc.
Après Totaranui, le chemin devient plus sauvage et moins fréquenté. Il grimpe à travers une forêt dense avant de redescendre vers Wainui Bay (40°48′00″S 172°59′42″E), point final officiel du sentier.
Faune et flore : une dernière explosion de vie
Cette section finale est particulièrement riche en biodiversité. Les forêts abritent des kaka, perroquets forestiers rares, ainsi que des fantails, petits oiseaux reconnaissables à leur queue en éventail. Sur les plages, guettez les traces des pingouins bleus qui viennent nicher dans les dunes.
Logistique et préparation : les clés d’une randonnée réussie
Hébergement : du refuge au lodge de luxe
Le sentier est jalonné de refuges (huts) et de campings gérés par le Department of Conservation (DOC). Les principaux sont :
- Anchorage Hut (34 places)
- Bark Bay Hut (34 places)
- Awaroa Hut (26 places)
- Totaranui Campsite (850 places)
Ces hébergements offrent un confort basique mais suffisant : couchages, eau potable, toilettes. La réservation est obligatoire et s’effectue sur le site du DOC.
Pour ceux recherchant plus de confort, l’Awaroa Lodge (40°51′43″S 173°01′08″E) propose un hébergement haut de gamme au cœur du parc. Accessible uniquement à pied, en kayak ou en bateau-taxi, ce lodge offre une expérience unique.
Ravitaillement et eau : autonomie requise
Il n’y a aucun point de ravitaillement sur le sentier. Les randonneurs doivent être autonomes en nourriture pour toute la durée du trek. L’eau potable est disponible dans tous les refuges principaux, mais il est recommandé de la traiter ou de la filtrer par précaution.
Des points d’eau naturels sont présents le long du parcours, notamment à Cleopatra’s Pool près d’Anchorage, mais leur potabilité n’est pas garantie.
Équipement : prêt pour toutes les conditions
Malgré un climat généralement clément, la météo peut changer rapidement. L’équipement recommandé comprend :
- Chaussures de randonnée imperméables
- Vêtements techniques respirants
- Veste imperméable et coupe-vent
- Sac de couchage (les refuges ne fournissent pas la literie)
- Filtre à eau ou pastilles de purification
- Crème solaire et chapeau (le soleil néo-zélandais est particulièrement intense)
- Répulsif anti-moustiques
Accès et transport : le début de l’aventure
Le point de départ principal, Mārahau, est accessible en voiture depuis Nelson (1h) ou Motueka (20 min). Un grand parking payant est disponible à l’entrée du parc.
Des navettes terrestres relient régulièrement Nelson, Motueka et Mārahau au point d’arrivée à Wainui Bay, permettant un retour facile.
Une option populaire est l’utilisation des bateaux-taxis. Ces services permettent non seulement d’accéder à différents points du sentier, mais offrent aussi une perspective unique sur la côte. Ils opèrent depuis Mārahau et Kaiteriteri, avec des départs réguliers pendant la haute saison (octobre à avril).
Climat et périodes optimales : quand partir ?
L’Abel Tasman Coast Track est praticable toute l’année grâce à un climat tempéré. Cependant, chaque saison offre une expérience unique :
- Été (décembre à février) : Températures agréables (18-25°C), idéal pour la baignade. C’est la haute saison, le sentier est très fréquenté.
- Automne (mars à mai) : Températures douces, couleurs changeantes, moins de monde.
- Hiver (juin à août) : Frais mais ensoleillé, sentier peu fréquenté. Idéal pour l’observation de la faune.
- Printemps (septembre à novembre) : Températures en hausse, floraison spectaculaire, bonne période pour l’observation des oiseaux.
Sécurité et réglementation : randonner responsable
Bien que considéré comme l’un des sentiers les plus accessibles de Nouvelle-Zélande, l’Abel Tasman Coast Track nécessite une préparation adéquate :
- Vérifiez les horaires de marée avant de partir, particulièrement pour les traversées d’estuaires.
- Informez quelqu’un de votre itinéraire et de votre heure de retour prévue.
- Respectez la faune et la flore : ne nourrissez pas les animaux et restez sur les sentiers balisés.
- Emportez tous vos déchets avec vous.
- Les feux de camp sont strictement interdits en dehors des zones désignées.
En cas d’urgence, le numéro à composer est le 111. La couverture réseau est limitée, mais des points d’appel d’urgence sont disponibles dans les principaux refuges.
Activités complémentaires : au-delà de la randonnée
L’Abel Tasman Coast Track offre bien plus que de la simple randonnée :
- Kayak de mer : Une façon unique d’explorer la côte et les criques isolées.
- Snorkeling : Les eaux claires de Tonga Island Marine Reserve regorgent de vie marine.
- Observation de la faune : Guettez les otaries, les dauphins et les nombreuses espèces d’oiseaux.
- Baignade : Les plages dorées et les eaux turquoise invitent à la baignade, particulièrement en été.
Pour les plus aventureux, l’Abel Tasman Inland Track offre une alternative moins fréquentée, traversant des forêts denses et des vallées reculées.
L’Abel Tasman Coast Track en 2025 : quel avenir pour ce joyau néo-zélandais ?
Alors que le sentier continue d’attirer des randonneurs du monde entier, des efforts sont déployés pour préserver son intégrité écologique. Le Department of Conservation travaille à l’amélioration des infrastructures tout en minimisant l’impact environnemental. Des projets de restauration de la flore native et de protection des espèces menacées sont en cours.
L’augmentation du nombre de visiteurs pose des défis en termes de gestion durable. Des systèmes de réservation plus stricts et des quotas journaliers pourraient être mis en place dans les années à venir pour préserver l’expérience unique offerte par ce sentier.
Malgré ces changements potentiels, l’Abel Tasman Coast Track reste une aventure incontournable pour tout amateur de randonnée. Que vous soyez attirés par ses plages dorées, sa biodiversité exceptionnelle ou simplement l’appel de la nature sauvage, ce sentier promet une expérience inoubliable au cœur de l’un des plus beaux paysages de Nouvelle-Zélande.
Alors, prêts à partir à la découverte de ce paradis côtier ? N’oubliez pas de réserver vos hébergements, de vérifier les horaires de marée, et surtout, de vous imprégner de la beauté sauvage de l’Abel Tasman National Park. Une aventure unique vous attend, entre mer et forêt, sur l’un des sentiers les plus emblématiques de l’hémisphère sud.