200 kilomètres de sentiers chargés d’histoire, 1000 ans de légendes médiévales, 3 grands sites patrimoniaux incontournables.
La Voie des Plantagenêts en Anjou ne se contente pas de relier le Mont-Saint-Michel à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Elle offre aux randonneurs une plongée fascinante dans l’histoire de France, entre châteaux millénaires et vignobles réputés.
Du donjon de Pouancé aux caves troglodytiques de Doué-en-Anjou, en passant par le majestueux château de Brissac, chaque pas sur ce chemin est une invitation à remonter le temps, tout en savourant les paysages changeants de l’Anjou.
Du Mont-Saint-Michel à Compostelle : les racines d’un chemin légendaire
La Voie des Plantagenêts s’inscrit dans le réseau des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ce tronçon angevin de 200 km relie le Mont-Saint-Michel à Tours, traversant l’Anjou du nord-ouest au sud-est. Héritage des pèlerinages médiévaux, ce sentier a vu passer des milliers de marcheurs au fil des siècles, chacun porteur de ses espoirs et de ses prières.
« La Voie des Plantagenêts n’est pas qu’un simple chemin. C’est une artère qui a fait battre le cœur de l’Anjou pendant des siècles, reliant les grandes abbayes, nourrissant le commerce et les échanges culturels. Chaque pierre de ce sentier raconte une partie de notre histoire. »
+ d’infos sur le site officiel
Pouancé à Segré : les premiers pas en terre angevine
Le parcours démarre officiellement à Pouancé, petite cité de caractère dominée par les vestiges imposants de son château médiéval.
Les 25 premiers kilomètres traversent un paysage vallonné, alternant entre bocage préservé et forêts domaniales. Le sentier longe la forêt de Boudré, réputée pour sa biodiversité exceptionnelle.
Faune et flore de la forêt de Boudré
La forêt de Boudré abrite une faune variée, notamment des chevreuils, sangliers et une multitude d’oiseaux.
Au printemps, le sous-bois se pare d’un tapis de jacinthes sauvages, offrant un spectacle olfactif et visuel saisissant. Les randonneurs attentifs pourront observer les traces de blaireaux et de renards le long du sentier.
Difficultés techniques et balisage
Cette première portion du sentier est relativement facile, avec un dénivelé cumulé d’environ 150 mètres.
Le balisage, constitué de marques jaunes et bleues ainsi que du symbole de la coquille Saint-Jacques, est bien entretenu. Quelques passages peuvent être boueux après la pluie, notamment à l’approche de Segré.
La vallée de l’Oudon : entre histoire et nature préservée
Après Segré, le sentier suit la vallée de l’Oudon sur une vingtaine de kilomètres.
Cette section offre un mélange harmonieux entre patrimoine bâti et nature préservée. Les marcheurs découvrent plusieurs moulins restaurés, témoins de l’activité économique passée de la région.
La Montée des Cent Kilos : un défi légendaire
À mi-chemin entre Segré et Le Lion-d’Angers, les randonneurs font face à la célèbre « Montée des Cent Kilos ».
Cette côte abrupte tient son nom d’une légende locale évoquant un habitant chétif qui aurait réussi l’exploit de la gravir en portant cent kilos de farine. Bien que le dénivelé réel soit d’environ 80 mètres sur 500 mètres, l’effort demandé justifie amplement sa réputation.
Faune et flore des bords de l’Oudon
Les rives de l’Oudon abritent une biodiversité remarquable. Les ornithologues amateurs apprécieront l’observation des martins-pêcheurs et des hérons cendrés. Au printemps, les orchidées sauvages parsèment les prairies humides bordant le sentier.
Le Lion-d’Angers à Angers : aux portes de la capitale angevine
Les 30 kilomètres séparant Le Lion-d’Angers de la cité du roi René offrent une transition progressive entre la campagne bocagère et les premières extensions urbaines. Le sentier serpente entre les vignobles de l’Anjou, offrant des panoramas splendides sur les coteaux vallonnés.
Le vignoble angevin : un terroir millénaire
Cette portion du chemin traverse plusieurs appellations prestigieuses comme l’Anjou-Villages ou le Coteaux-de-l’Aubance. Les randonneurs peuvent faire une halte dans l’un des nombreux domaines viticoles bordant le sentier pour une dégustation. Marie Bouvet, vigneronne à Saint-Aubin-de-Luigné, partage son attachement à ce terroir :
« Nos vignes puisent leur caractère dans ce sol schisteux façonné par des siècles de culture. Quand je vois les pèlerins passer devant mes parcelles, je me dis qu’ils foulent le même chemin que leurs ancêtres il y a mille ans. C’est une belle continuité. »
Difficultés techniques et points d’eau
Cette section présente un dénivelé plus marqué, avec plusieurs montées et descentes successives totalisant environ 300 mètres de dénivelé positif. Des fontaines sont aménagées dans la plupart des villages traversés, permettant aux marcheurs de se rafraîchir et de remplir leurs gourdes.
Angers : une étape majeure chargée d’histoire
La traversée d’Angers constitue un moment fort du parcours. La ville, riche de 2000 ans d’histoire, offre de nombreux trésors patrimoniaux aux randonneurs. Le château d’Angers, forteresse imposante abritant la célèbre Tapisserie de l’Apocalypse, marque l’entrée dans la cité médiévale.
Sur les pas des pèlerins médiévaux
Le tracé urbain suit au plus près l’itinéraire emprunté par les pèlerins au Moyen Âge. Il passe notamment devant l’ancien Hôpital Saint-Jean, aujourd’hui musée Jean-Lurçat, qui accueillait les voyageurs épuisés. La cathédrale Saint-Maurice, dont les flèches gothiques dominent la ville, était une étape incontournable pour les pèlerins en quête de bénédiction avant de poursuivre leur route.
Logistique et ravitaillement
Angers offre toutes les commodités nécessaires aux randonneurs. De nombreux hébergements, du simple gîte à l’hôtel de charme, permettent de faire une pause bien méritée. Les commerces du centre-ville sont idéals pour renouveler les provisions avant d’entamer la seconde partie du parcours.
D’Angers à Brissac-Quincé : entre Loire et vignobles
Au sortir d’Angers, le sentier plonge dans la vallée de la Loire, inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les 25 kilomètres séparant Angers de Brissac-Quincé offrent une alternance saisissante entre les rives du fleuve royal et les premiers contreforts du vignoble angevin.
La Loire, compagne de route
Le chemin longe par endroits la Loire, offrant des points de vue remarquables sur le fleuve et ses îles. Les boires, ces bras secondaires du fleuve, abritent une faune aquatique riche, notamment des castors dont on peut observer les traces au crépuscule.
Le château de Brissac : le géant de la Loire
L’arrivée à Brissac-Quincé est marquée par la silhouette imposante du château de Brissac. Surnommé « le géant du Val de Loire » en raison de ses sept étages, il constitue le château le plus haut de France. Sa façade Renaissance contraste avec les deux tours médiévales qui l’encadrent, témoignant de l’évolution architecturale au fil des siècles.
Brissac-Quincé à Doué-en-Anjou : au cœur du vignoble angevin
Les 30 kilomètres reliant Brissac-Quincé à Doué-en-Anjou traversent le cœur du vignoble angevin. Le sentier serpente entre les parcelles de Cabernet franc et de Chenin, offrant des panoramas à couper le souffle sur les coteaux cultivés depuis l’époque romaine.
Le Sentier des Trois Monts : une parenthèse œnologique
À hauteur de Lys-Haut-Layon, le parcours croise le Sentier des Trois Monts, un itinéraire de 12 km dédié à la découverte du terroir viticole. Des panneaux explicatifs jalonnent le chemin, détaillant les spécificités des différents cépages et les méthodes de vinification traditionnelles. Plusieurs domaines proposent des dégustations, permettant aux randonneurs de découvrir les subtilités des vins de Loire.
Difficultés techniques et points de vue
Cette portion du sentier présente un dénivelé plus marqué, avec plusieurs montées et descentes totalisant environ 400 mètres de dénivelé positif. Le point culminant, situé à 150 mètres d’altitude, offre une vue panoramique sur la vallée du Layon et les collines environnantes. Par temps clair, on peut apercevoir les tours du château de Saumur à l’horizon.
Doué-en-Anjou : la cité troglodytique
L’arrivée à Doué-en-Anjou marque une étape singulière du parcours. Cette petite ville est réputée pour son patrimoine troglodytique exceptionnel, creusé dans le tuffeau, une roche calcaire caractéristique de la région.
Les caves troglodytiques : un monde souterrain fascinant
Les anciennes carrières de Doué-en-Anjou ont été transformées au fil des siècles en habitations, caves viticoles et même en champignonnières. Certaines sont ouvertes à la visite, offrant aux randonneurs une expérience unique de fraîcheur et d’histoire. Jean-Pierre Moreau, guide local, partage sa passion pour ce patrimoine :
« Ces caves racontent l’ingéniosité de nos ancêtres. Ils ont su tirer parti de cette roche tendre pour créer des espaces de vie et de travail uniques. Chaque galerie, chaque salle a son histoire et ses secrets. »
La roseraie de Doué : un jardin extraordinaire
Doué-en-Anjou est également connue comme la capitale de la rose. Sa roseraie, aménagée dans d’anciennes carrières, présente plus de 10 000 rosiers de 800 variétés différentes. Cette visite offre un contraste saisissant avec l’ambiance minérale des caves troglodytiques.
De Doué-en-Anjou au Puy-Notre-Dame : l’ultime étape angevine
Les derniers kilomètres en terre angevine mènent les randonneurs jusqu’au Puy-Notre-Dame, petit village viticole dominé par sa collégiale gothique. Cette ultime portion de 15 km offre une synthèse des paysages traversés tout au long du parcours.
La collégiale du Puy-Notre-Dame : un joyau gothique
Point d’orgue de cette étape, la collégiale Notre-Dame domine le village de sa silhouette élancée. Édifiée au XIIIe siècle, elle abrite une relique de la Sainte Ceinture de la Vierge, attirant de nombreux pèlerins au Moyen Âge. Son architecture gothique angevine, caractérisée par ses voûtes bombées, en fait un exemple remarquable du patrimoine religieux de la région.
Les derniers kilomètres : entre vignes et panoramas
Le sentier serpente entre les parcelles de vignes, offrant des points de vue remarquables sur les collines environnantes. Par temps clair, on peut apercevoir la vallée de la Loire au nord et les premiers contreforts du Poitou au sud, marquant symboliquement la fin du parcours angevin.
Conseils pratiques pour une randonnée réussie sur la Voie des Plantagenêts
Équipement recommandé
- Chaussures de randonnée imperméables
- Bâtons de marche pour les portions vallonnées
- Vêtements adaptés à la saison (attention aux fortes chaleurs estivales)
- Chapeau ou casquette, crème solaire
- Gourde d’au moins 1,5L (possibilité de remplissage dans les villages)
- Trousse de premiers secours
Meilleure période pour randonner
La Voie des Plantagenêts est praticable toute l’année, mais certaines saisons offrent des avantages spécifiques :
- Printemps (avril-juin) : Floraison des vignes, températures douces
- Automne (septembre-octobre) : Vendanges, couleurs automnales
- Été : Longues journées, mais attention à la chaleur
- Hiver : Paysages dénudés mais lumineux, vigilance sur les chemins boueux
Hébergements et ravitaillement
Le parcours est jalonné de nombreux hébergements adaptés aux randonneurs : gîtes d’étape, chambres d’hôtes, petits hôtels. Il est recommandé de réserver à l’avance, surtout en haute saison. Les villages traversés offrent généralement des commerces pour le ravitaillement. Certains viticulteurs proposent même des paniers pique-nique sur réservation, une belle façon de découvrir la gastronomie locale.
La Voie des Plantagenêts : un chemin vers demain ?
Au terme de ces 200 kilomètres, la Voie des Plantagenêts s’affirme comme bien plus qu’un simple sentier de randonnée. C’est un trait d’union entre passé et présent, entre nature et culture, entre effort physique et élévation spirituelle. Que l’on soit randonneur chevronné, amateur d’histoire ou simplement en quête de déconnexion, ce chemin millénaire offre une expérience unique au cœur de l’Anjou.
Alors que le tourisme lent et la reconnexion à la nature gagnent en popularité, la Voie des Plantagenêts pourrait bien connaître un nouvel âge d’or. Les collectivités locales et les associations de randonneurs travaillent main dans la main pour préserver et valoriser ce patrimoine, garantissant aux générations futures la possibilité de fouler ces chemins chargés d’histoire. Et vous, quand partirez-vous sur les traces des pèlerins d’antan ?
Pour préparer votre randonnée sur la Voie des Plantagenêts, n’hésitez pas à consulter les ressources suivantes :