Elles sont appelées tourbières flottantes, mais également faigne, feigne, faing, ried ou encore charme par les locaux.
Dans le parc naturel régional des Ballons des Vosges, les tourbières flottantes sont autant d’occasions de randonnées insolites à la rencontre de ces « peaux » flottantes à l’apparence surprenante.
Idéale pour s’offrir une virée nature en famille à la rencontre d’un patrimoine naturel remarquable, qui n’est pas sans évoquer quelques paysages sibériens.
Dépaysant et fascinant.
5 idées de randonnées insolites pour découvrir les tourbières flottantes vosgiennes
Idée rando 1 : les tourbières de Lispach et de la Ténine
Télécharger le carnet découverte des tourbières de Lispach et La Ténine.
À la Bresse, dans la vallée du Chajoux, se trouvent deux tourbières flottantes parmi les plus remarquables du massif des Vosges : les « faignes » de Lispach et de la Tétine.
Ces sites inscrits à l’inventaire des Espaces Naturels Sensibles (ENS) des Vosges depuis 1995 font l’objet d’une attention particulière, protégés à la fois par le Parc naturel régional des Ballons des Vosges, le Conservatoire des Sites Lorrains et l’Office Nationale de forêts (ONF).
Un sentier pédagogique facile et bien indiqué invite à découvrir cet endroit remarquable. Vous passerez par :
- La tourbière de Lispach. Niché au fond de la vallée du Chajoux à 912 mètres d’altitude, ce lac semi-naturel abrite l’une des plus belles tourbières de l’Est de la France. Ses eaux glaciaires cernées par la forêt accueillent deux tourbières : l’une flottante, l’autre bombée.
- Les Hauts-Vieux. Ce corridor naturel relie les deux tourbières de Lispach et La Ténine. Fermes vosgiennes, prés fleuris et murets en pierres sèches témoignent du passé agricole de la région.
- La tourbière de La Ténine. À environ un kilomètre en aval, sur la rive droite du ruisseau du Chajoux, la Ténine est réputée pour être la plus belle tourbière bombée des Vosges. Son épaisseur atteint quinze mètres, ce qui en fait la plus épaisse du Grand Est. Cette dernière est bordée d’une forêt d’épicéas sur tourbe et d’un plan d’eau artificiel.
Comptez environ deux heures pour découvrir les deux sites ou une heure pour accomplir le tour de la tourbière de Lispach.
Idée rando 2 : la tourbière du Haut Chitelet
La tourbière du haut Chitelet, également connue sous le nom de tourbière Charlemagne, est localisée sur la commune de Xonrupt-Longemer.
Seule une petite partie est ouverte au public. Le parcours proposé passe par le Jardin d’Altitude du Haut Chitelet, unique point d’accès à la tourbière.
La visite des lieux est l’occasion de découvrir la remarquable collection de spécimens alpins (2 000 espèces), avant de rejoindre le tremblant par un sentier très bien aménagé.
Les différents panneaux pédagogiques qui jalonnent le chemin en caillebotis permettent d’en apprendre plus sur les spécificités des tourbières vosgiennes, avant d’admirer les mousses flottantes de la faigne du Haut Chitelet.
Idée rando 3 : la tourbière et l’étang de la Comtesse
Télécharger le carnet découverte de la tourbière de l’étang de la Comtesse. Direction les Forges pour rencontrer cette tourbière sauvage aux portes d’Épinal. Véritable écrin de verdure, l’endroit surprend par son contraste avec la ville toute proche.
Un parcours pédagogique de 30 à 45 minutes mène à la découverte de cette « peau » périurbaine en compagnie des amphibiens, papillons, libellules et plantes aquatiques endémiques.
La promenade passe également par Sanchey et le bois de Darnieulles. Départ au niveau de l’étang de la Comtesse (Les Forges).
Idée rando 4 : la tourbière du Grand étang
Télécharger le carnet découverte de la tourbière du Grand étang.
À Gérardmer, la tourbière du Grand étang se déploie sur neuf hectares d’Espaces naturels sensibles peuplés de rares espèces animales et végétales.
Le site est encore marqué par l’exploitation tourbeuse qui s’y déroula durant la Seconde Guerre mondiale pour assurer la production de combustible dans la région, puis par l’extraction à visée agricole.
Par conséquent, les plantes visibles y sont moins caractéristiques des milieux acides que d’autres tourbières vosgiennes. Principalement peuplée de sphaignes, la « peau » abrite également la splendide plante insectivore Drosera.
Un circuit pédagogique permet de faire le tour complet de la tourbière du Grand étang en un peu moins d’une heure. Attention à bien rester sur le sentier. Canaux et fosses profonds se cachent parmi la dense végétation.
Idée rando 5 : la tourbière de Rondfaing
Télécharger le carnet découverte de la tourbière de Rondfaing. Niché au sommet du massif de Noiregoutte, c’est une toute petite tourbière qui se cache au cœur de la forêt.
La tourbière de Rondfaig, enclavée dans un milieu forestier, est un véritable paradis pour les oiseaux et mammifères, dont le pic noir, la chouette de Tengmalm et nombre de cervidés.
À la surface de la tourbière sont également visibles des plantes typiques telles que le Drosera et la Linaigrette vaginée.
Le site se découvre au détour d’une belle randonnée depuis le col de Menufosse jusqu’au belvédère de la Pierre des Quatre Communes. L’itinéraire est considéré de niveau modéré.
Comptez en moyenne une heure pour effectuer l’aller-retour.
Une boucle est également possible en suivant le balisage du club vosgien à travers la forêt et le réseau de tourbières des Vosges.
Le programme sera alors complété par les tourbières du Champâtre et de Jemnaufaing, deux pépites naturelles du massif des Vosges.
Les tourbières flottantes vosgiennes : un patrimoine naturel à préserver
Les tourbières flottantes du massif des Vosges abritent un écosystème à l’équilibre fragile. Afin de ne pas mettre en danger ce patrimoine naturel remarquable, les sites sont fermés aux véhicules motorisés.
Lors de votre promenade, respectez les indications sur place. Prenez garde à rester sur les sentiers. Ne cueillez pas de fleurs, n’allumez pas de feu et prévoyez si nécessaire de quoi ramener vos déchets.
La nature vous dira merci !
Un mot sur l’origine des tourbières flottantes
La naissance des tourbières flottantes du massif vosgien remonte à plus de 10 000 ans, lors de la création des cuvettes granitiques sous le travail des glaciers, remplies par les eaux pour former les lacs glaciaires.
D’abord sans vie, le réchauffement climatique a permis l’apparition de premières plantes en bordure de lac.
Dans cet environnement froid et acide rendant impossible la décomposition des matières organiques, la flore s’est développée progressivement jusqu’à former les tourbières, des « peaux » végétales flottantes à la surface de l’eau stagnante.
Les plus épaisses d’entre elles mesurent aujourd’hui jusqu’à quinze mètres de hauteur !
Ces espaces naturels sensibles abritent un écosystème remarquable, résultat d’un long processus d’adaptation pour survivre dans un milieu naturel hostile.
On y retrouve notamment les sphaignes, d’étranges « mousses éponges » colorées typiques des milieux humides, mais également la drosera, la canneberge, la callune et la linaigrette.
Quant à la faune, reptiles, papillons, libellules, amphibiens et cervidés ont, eux aussi, réussi à trouver les conditions nécessaires pour venir peupler ces espaces naturels protégés.