L’Everest, également appelé “le toit du monde”, culmine à 8.850 mètres d’altitude et est devenu le rêve à atteindre pour de nombreux randonneurs qui décident d’entreprendre cette ascension.
Certains parviennent au sommet, de moins chanceux sont obligés d’abandonner en cours de route à cause des conditions, tandis que y resteront à jamais.
Expédition autant périlleuse que dangereuse, l’Everest fait des morts. Qu’advient-il de ces malheureux ? Nous faisons le point ici.
Combien de morts sur l’Everest ?
Il faut savoir qu’en moyenne 5 alpinistes trouvent la mort chaque année sur cette montagne emblématique. 2023 a été une année catastrophique puisqu’au total 17 personnes sont décédées, dont 5 corps sont portés disparus.
Au total, près de 200 personnes ont perdu la vie, dont 150 cadavres n’ont jamais été retrouvés.
Au fur et à mesure des années, le nombre d’alpinistes tentant l’expérience a largement augmenté, mais le taux de mortalité global reste le même et est de l’ordre de 1%.
La répartition des décès
Au vu des résultats, 119 personnes n’ont pas survécu à l’ascension de l’Everest, entre 1990 et 2019, et les raisons peuvent se décomposer ainsi :
- Le mal des montagnes, l’épuisement et les engelures (ou autres maladies caractéristiques des montagnes) : 70 % ;
- Les chutes : 25 % ;
- Les causes liées au terrain (effondrement de pierres, avalanches, etc.) : 5%.
Le sexe, l’âge et la nationalité ont-ils un impact ?
L’Everest ne fait pas de distinction homme-femme puisque le pourcentage de décès, selon le sexe, reste relativement similaire.
Ce qui a changé, en revanche, c’est que davantage de femmes tentent désormais l’ascension.
Côté âge, de plus en plus de “vieux grimpeurs”, c’est-à-dire âgés de 60 ans et plus, participent à l’expérience, et leur âge est loin d’être un obstacle puisqu’il est bien souvent compensé par une plus grande expérience.
D’ailleurs, leur taux de réussite est comparable, voire légèrement plus élevé, puisqu’il est de l’ordre de 40%. Le taux de mortalité, quant à lui, est de 2% pour les seniors.
Enfin, le japon est connu pour être le pays où l’on peut voir le plus de centenaires, et il faut savoir que ses seniors ne sont pas en reste.
En effet, les alpinistes japonais d’âge avancé présentent les plus hauts taux de réussite, en comparaison avec ceux des autres pays de la même tranche d’âge.
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Pourquoi l’Everest est-il devenu un cimetière géant ?
Plus de permis d’ascension = plus de morts
Tout est question de proportionnalité, plus on délivre de permis d’ascension et plus le nombre de morts augmente. En revanche, le taux de mortalité, lui, reste inchangé. Cela ne signifie donc pas que l’Everest est devenu plus dangereux qu’avant.
À titre de comparaison :
- Entre 1990 et 2005, un peu plus de 2 200 permis ont été délivrés alors qu’il s’agit de plus de 3 600 permis entre 2006 et 2019 ;
- L’année 2010 a vu délivrer 200 permis, contre 478 en 2022, soit plus du double.
Ces chiffres montrent donc la tendance générale : de plus en plus d’alpinistes tentent d’atteindre le point culminant et de plus en plus de permis d’ascension sont accordés.
Un problème de sélectivité quant à l’expérience
Du côté des autorités chinoises, le nombre de permis n’a pas augmenté et la sélection reste aussi stricte qu’avant.
Côté Tibet, pour se voir octroyer le Saint-Graal du permis, il faut au préalable avoir déjà gravi un sommet de 8 000 mètres.
En revanche, côté Népal, on observe un boom du nombre de permis, phénomène largement critiqué, car cela implique que la sélectivité des alpinistes est devenue laxiste.
Il semblerait que l’expérience et une préparation physique suffisante ne sont plus des critères de sélection.
Mais quelles en sont les raisons ? S’agit-il d’une volonté des autorités de donner une chance aux grimpeurs de réaliser leur rêve ? Ou la motivation est-elle financière ?
Après le tremblement de terre de 2015 et la période de Covid empêchant les ascensions, les caisses ont-elles besoin d’être renflouées ?
Pas sûr qu’il s’agisse d’un choix marketing pertinent dans la mesure où 2023 a laissé passer un grand nombre d’aventuriers relativement peu expérimentés et que le nombre de morts n’a jamais été aussi élevé.
Des problèmes de logistique
Le point positif est que les équipes sur place ont acquis de l’expérience, on observe ainsi de meilleures prévisions météorologiques, une plus grande organisation (itinéraire, présence de cordes fixes, utilisation d’oxygène, etc.).
Le taux de réussite a également augmenté et de plus en plus de randonneurs ont été en mesure d’atteindre le sommet himalayen.
En revanche, on dénote deux problèmes graves et impactant la sécurité générale : la surpopulation et le vol de bouteilles d’oxygène.
Dans la mesure où on octroie de plus en plus de permis et que de nombreux ascensionnistes se font accompagner de Sherpas, en moyenne 2 Sherpas par grimpeur, cela fait un monde fou sur la montagne.
On peut y compter plus de 1 500 personnes. Une chute pouvant en entraîner une autre, le risque de décès s’accroît de façon exponentielle.
Il a également été constaté des actes criminels, celui du vol des bouteilles d’oxygène. Par manque de logistique ou d’anticipation, une équipe se retrouve avec trop peu d’oxygène pour ses clients et décide d’aller en voler aux équipes voisines !
Un manque d’humilité
Entre les conditions météo redoutables et particulièrement extrêmes à l’origine d’hypothermie et d’épuisement précoce, le manque d’oxygène causant des embolies pulmonaires ou cérébrales, on constate un taux de mortalité toujours équivalent.
Pourtant, dans la mesure où la logistique et l’expérience des équipes se sont accrues, c’est l’effet inverse qui aurait dû se produire !
Il faut cependant savoir que l’ascension de l’Everest coûte très cher, c’est un projet de l’ordre de 40 à 50 000 euros.
Les alpinistes, bien qu’amateurs, ont alors tendance à croire qu’au regard du prix payé, l’ascension de la montagne leur est due, et ce, qu’importe les conditions, leur état de santé, ou le fait que leur entêtement puisse être dangereux pour tous les autres membres de l’équipe.
Pourquoi laisse-t-on les corps sur l’Everest ?
Un secours au péril de sa vie
Vous l’aurez compris, l’ascension de l’Everest est difficile et dangereuse. Passé le seuil des 7 900 mètres d’altitude, il s’agit même d’une zone de mort.
Le taux d’oxygène est de 3 fois inférieur, ce qui implique que chaque mouvement coûte un effort incommensurable. À cela, s’ajoute le fait que la plupart des bouteilles d’oxygène prévues ont déjà été utilisées.
Dans ces conditions, il est absolument impossible pour un grimpeur de secourir qui que ce soit et encore moins de déplacer un corps mort.
La conséquence serait de mourir également. D’ailleurs, en 1984, 2 alpinistes chevronnés ont tenté de récupérer un cadavre et y ont tous deux laissé leur vie.
Un prix exorbitant
Face à la dangerosité de la mission, envoyer des professionnels pour déloger un corps de la montagne coûte très cher, soit entre 25 000 et 55 000 euros.
Peu sont ceux qui ont les moyens de débourser une telle somme.
La montagne garde ses morts
Entre les chutes de neige et le gel, les corps se retrouvent ensevelis ou accrochés à la roche, et il devient alors impossible de les en extirper.
Qui s’y frotte s’y pique ! Ceux qui ont décidé de gravir l’Everest au péril de leur vie prennent le risque d’y passer leur mort.