En 2024, les autorités japonaises ont instauré une limite de 4 000 randonneurs par jour pour gravir le Mont Fuji via le sentier Yoshida, le plus populaire.
Cette décision, destinée à protéger l’environnement et garantir la sécurité, a entraîné une baisse de 14 % de la fréquentation par rapport à l’année précédente, soit de 205 000 à environ 178 000 randonneurs entre juillet et septembre.
Avec ses 3776 mètres d’altitude, 14 km aller-retour et 1500 mètres de dénivelé positif, l’ascension du Mont Fuji va bien au-delà de simples chiffres. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce volcan sacré incarne l’essence même du Japon.
Visible par temps clair depuis Tokyo, son profil emblématique attire chaque année des milliers de randonneurs. Entre sentiers historiques et refuges traditionnels, l’ascension du Fuji-san est un voyage immersif dans la culture japonaise, rythmé par des panoramas spectaculaires et des défis physiques intenses.
Le sentier Yoshida : 6 heures d’ascension sur les traces des pèlerins
Le sentier Yoshida, artère principale du Mont Fuji, démarre à la 5ème station, à 2300 mètres d’altitude.
Cette voie historique, empruntée depuis des siècles par les pèlerins, s’étire sur 14 km jusqu’au sommet. Le dénivelé positif de 1500 mètres se franchit en moyenne en 6 heures, rythmées par le passage des différentes stations.
Le sentier, bien balisé, alterne entre sections rocailleuses et passages plus doux.
À partir de la 8ème station, à 3100 mètres d’altitude, l’air se raréfie et le terrain devient plus technique.
Les derniers 700 mètres de dénivelé mettent à l’épreuve les jambes et les poumons des randonneurs.
Notez bien que cette zone est soumise à une fermeture saisonnière en raison des conditions météorologiques. Le mont Fuji est ouvert de juillet à septembre. Le reste de l’année, la montagne est fermée pour la saison hivernale. Pour plus d’informations, veuillez visiter : http://www.fujisan-climb.jp/en/season/index.html
Les refuges du Fuji : havres de culture à 3000 mètres d’altitude
Le long du sentier Yoshida, une dizaine de refuges offrent aux randonneurs un repos bienvenu.
Ces structures traditionnelles, véritables havres de culture nichés à plus de 3000 mètres d’altitude, proposent des repas typiques et un aperçu unique de l’hospitalité japonaise.
L’onigiri, boulette de riz fourrée, et le bento, boîte-repas compartimentée, constituent les en-cas privilégiés des randonneurs.
Certains refuges, comme le Goraikokan à la 8ème station, proposent même des spécialités locales comme les nouilles soba au sarrasin de Yamanashi.
« Après 30 ans à accueillir les randonneurs, je peux dire que le vrai sommet du Fuji n’est pas géographique, mais culturel. C’est dans ces refuges que se transmettent les traditions et l’esprit de la montagne. »
– Hiroshi Watanabe, gérant du refuge Goraikokan depuis 1992
Le torii de la 8ème station : porte d’entrée vers le sacré
À 3250 mètres d’altitude, le torii rouge de la 8ème station marque l’entrée dans l’espace sacré du sommet.
Cette porte traditionnelle shinto, visible de loin, rappelle le caractère spirituel de l’ascension. Au-delà, le sentier devient plus raide et rocailleux, préparant les randonneurs à l’ultime effort vers le sommet.
Le passage sous le torii est souvent l’occasion d’une pause méditative. Certains randonneurs y attachent de petits papiers portant leurs vœux, perpétuant une tradition séculaire.
Le sommet du Fuji : entre mythologie et panoramas époustouflants
Atteindre le sommet du Mont Fuji, c’est pénétrer dans un lieu chargé de mythologie.
Selon les légendes shintoïstes, la montagne fut créée par les divinités Izanagi et Izanami, incarnant la dualité entre vie et mort.
Le cratère sommital, large de 500 mètres, rappelle la puissance volcanique qui façonna le paysage.
Par temps clair, le panorama à 360° est saisissant. À l’est, les lacs Yamanaka et Kawaguchi scintillent dans la plaine.
À l’ouest, par très beau temps, on peut apercevoir le Mont Ontake à plus de 100 kilomètres. La vue sur l’océan Pacifique, au sud, rappelle l’insularité du Japon.
L’aube au sommet : un spectacle unique à 3776 mètres
L’observation du lever de soleil depuis le sommet du Mont Fuji est l’un des moments les plus prisés de l’ascension.
Pour en profiter, de nombreux randonneurs optent pour une montée nocturne, quittant la 5ème station vers minuit.
L’arrivée au sommet se fait alors dans la pénombre, environ une heure avant l’aube.
Le spectacle du soleil émergeant de l’océan, illuminant progressivement les vallées et les lacs en contrebas, est souvent décrit comme une expérience spirituelle.
La lumière rasante dessine des ombres spectaculaires sur les flancs de la montagne, créant un paysage presque irréel.
« J’ai guidé des centaines de personnes au sommet du Fuji, mais chaque lever de soleil reste unique. C’est un moment où le temps semble suspendu, où chacun ressent intimement sa connexion avec la nature. »
– Yuki Tanaka, guide de montagne depuis 2005
La descente : 3,5 heures de vigilance technique
La descente du Mont Fuji, souvent négligée dans la préparation, représente un défi technique à part entière.
Le sentier Yoshida, emprunté à la montée, devient glissant et instable à la descente.
Les 3,5 heures de descente sollicitent particulièrement les genoux et les chevilles.
Le terrain volcanique, composé de scories et de cendres, demande une attention constante.
L’utilisation de bâtons de randonnée est vivement recommandée pour soulager les articulations et améliorer l’équilibre.
Des zones de zigzags permettent de modérer la pente, mais restent techniques.
La faune et la flore du Fuji : une biodiversité alpine unique
Malgré son apparence austère, le Mont Fuji abrite une biodiversité alpine remarquable.
Au-dessus de la limite des arbres, vers 2500 mètres, s’étend une zone alpine caractérisée par des plantes basses adaptées aux conditions extrêmes.
On y trouve notamment des rhododendrons nains et des gentianes.
La faune, discrète, comprend des espèces adaptées à l’altitude.
Les randonneurs attentifs pourront observer des lièvres variables, dont le pelage change de couleur selon les saisons. Plus rares, les chocards à bec jaune se laissent parfois apercevoir près du sommet.
Les grottes de lave : témoins du passé volcanique
Au pied du Mont Fuji, les grottes de Narusawa et Saiko offrent une plongée fascinante dans le passé volcanique de la montagne. Formées par d’anciennes coulées de lave, ces cavités naturelles présentent des formations géologiques uniques.
La grotte du vent de Fugaku, longue de 201 mètres, est particulièrement remarquable. Sa température constante de 3°C en été comme en hiver en fait un lieu de conservation naturel utilisé depuis des siècles. Les stalactites de lave et les « arbres de lave » témoignent de la puissance des éruptions passées.
Le festival de la lune de Fuji : célébrer la montagne sacrée
Chaque année en août, le festival de la lune de Fuji attire des milliers de visiteurs. Cette célébration traditionnelle, qui remonte à l’époque Edo (1603-1868), mêle rituels shintoïstes et festivités populaires. Le point d’orgue est l’illumination nocturne de la montagne, créant un spectacle féerique visible à des kilomètres à la ronde.
Pour les randonneurs, participer à ce festival offre une immersion unique dans la culture locale. Les danses traditionnelles, les stands de nourriture et les cérémonies au pied de la montagne créent une atmosphère festive et spirituelle.
Préparer son ascension : équipement et réglementations
L’ascension du Mont Fuji nécessite une préparation minutieuse. L’équipement de base comprend des chaussures de randonnée robustes, des vêtements chauds et imperméables, une lampe frontale pour les départs nocturnes, et suffisamment d’eau et de nourriture. Un bâton de marche, disponible à l’achat sur place, s’avère précieux pour la descente.
Depuis 2014, une taxe d’ascension de 1000 yens (environ 8 euros) est demandée aux randonneurs. Cette contribution volontaire sert à l’entretien des sentiers et des installations. La saison officielle d’ascension s’étend de début juillet à mi-septembre, période où les refuges sont ouverts et les services de secours pleinement opérationnels.
Il est crucial de respecter les réglementations en vigueur, notamment la limitation à 4000 randonneurs par jour sur le sentier Yoshida. Les réservations pour les refuges sont vivement recommandées en haute saison.
Le Mont Fuji au fil des saisons : quand partir ?
Bien que l’ascension officielle soit concentrée sur l’été, chaque saison offre une perspective unique sur le Mont Fuji. Au printemps, les cerisiers en fleur au pied de la montagne créent un contraste saisissant avec les neiges sommitales. L’automne pare les forêts de couleurs flamboyantes, offrant des panoramas spectaculaires depuis les lacs environnants.
L’hiver, réservé aux alpinistes expérimentés, transforme le Fuji en géant blanc majestueux. Les vues depuis les stations de ski voisines, comme Fujiten, sont alors particulièrement impressionnantes.
Que nous réserve l’avenir du Mont Fuji ?
Face à l’augmentation constante du nombre de visiteurs, les autorités japonaises réfléchissent à de nouvelles mesures pour préserver l’intégrité du site. Des projets de quotas plus stricts et de réservations obligatoires sont à l’étude. L’équilibre entre accessibilité et préservation reste un défi majeur.
Le changement climatique pose également des questions sur l’avenir du Mont Fuji. La réduction de la couverture neigeuse et l’évolution des écosystèmes alpins sont suivies de près par les scientifiques. Ces mutations pourraient à terme modifier l’expérience d’ascension et la perception même de ce symbole national.
Malgré ces défis, le Mont Fuji demeure une expérience incontournable pour tout amateur de randonnée et de culture japonaise. Son ascension, mêlant effort physique, immersion culturelle et contemplation, reste une aventure unique au monde. Que vous soyez attiré par le défi sportif, la quête spirituelle ou simplement la beauté des paysages, le Fuji-san vous attend, immuable et changeant à la fois.
Pour approfondir vos connaissances et bien préparer votre ascension, n’hésitez pas à consulter nos guides sur la randonnée en altitude, comment randonner sur de grandes distances, et les techniques de respiration en randonnée. Pour les aspects pratiques liés à l’eau, consultez nos articles sur l’eau en randonnée et les gourdes filtrantes.