4068 mètres d’altitude, 57 kilomètres de sentiers, 3385 mètres de dénivelé cumulé.
Ces chiffres vertigineux dessinent les contours du deuxième plus haut sommet du Maroc : le Mont M’Goun.
Niché au cœur du Haut Atlas, ce colosse de pierre veille sur la vallée des Aït Bougmez, surnommée « la vallée heureuse ».
Ici, les troupeaux de chèvres côtoient les neiges éternelles, et les légendes berbères se mêlent au souffle du vent.
Entrez dans l’univers fascinant du M’Goun, où chaque pas est une aventure, chaque rencontre une découverte.
La vallée des Aït Bougmez : le sourire de l’Atlas
Notre périple débute dans la vallée des Aït Bougmez, véritable oasis de verdure à 1800 mètres d’altitude.
Surnommée « la vallée heureuse », elle offre un contraste saisissant avec les sommets arides qui l’entourent.
Les premiers kilomètres serpentent entre les champs en terrasses et les villages traditionnels aux maisons de terre ocre.
Le sentier, bien marqué, s’élève doucement, offrant des points de vue de plus en plus spectaculaires sur la vallée.
Après environ 6 kilomètres et 400 mètres de dénivelé positif, on atteint le village de Arous, dernière étape avant de quitter la civilisation.
C’est ici que l’on croise souvent les premiers bergers nomades, descendant des estives avec leurs troupeaux.
L’ascension vers Tarkeddit : quand la montagne dévoile ses secrets
Au-delà d’Arous, le paysage change radicalement.
La végétation se fait plus rare, laissant place à un univers minéral fascinant. Le sentier, toujours bien visible, s’élève plus franchement vers le col de Tarkeddit, situé à 3300 mètres d’altitude.
Cette portion de 8 kilomètres et 900 mètres de dénivelé positif demande une bonne condition physique.
À mesure que l’on s’élève, le panorama s’élargit. Par temps clair, on peut apercevoir au loin les sommets enneigés du Toubkal, point culminant du Maroc.
Le silence n’est troublé que par le sifflement des marmottes et le cri occasionnel d’un aigle royal.
« Quand vous atteignez le col de Tarkeddit, prenez le temps de vous retourner. La vue sur la vallée des Aït Bougmez est à couper le souffle. C’est comme si toute l’histoire des Berbères se déroulait sous vos yeux. »
– Hassan Ait Hmad, guide local depuis 30 ans
Le plateau de Tarkeddit : une nuit sous les étoiles à 3000 mètres
Le plateau de Tarkeddit, situé à 3000 mètres d’altitude, est l’endroit idéal pour établir le camp de base.
Cette vaste étendue offre une vue imprenable sur le massif du M’Goun et la vallée en contrebas.
C’est ici que l’on passe généralement la première nuit, permettant une bonne acclimatation à l’altitude.
Le bivouac est une expérience unique.
Loin de toute pollution lumineuse, le ciel nocturne offre un spectacle inoubliable. C’est aussi l’occasion de rencontrer les nomades qui font paître leurs troupeaux dans ces hauts pâturages pendant l’été.
L’assaut final : 4068 mètres d’émotions
L’ascension finale du M’Goun commence tôt le matin, souvent avant l’aube.
Les 5 derniers kilomètres sont les plus exigeants, avec un dénivelé positif de près de 1000 mètres. Le sentier, bien que toujours visible, devient plus technique, alternant éboulis et passages rocheux.
L’arête sommitale, longue de près d’un kilomètre, offre des vues vertigineuses sur les deux versants de la montagne.
Par temps clair, on peut apercevoir au sud les premières dunes du Sahara. L’effort est récompensé par un panorama à 360 degrés sur l’Atlas et les vallées environnantes.
« Le sommet du M’Goun est un endroit sacré pour nous, les Berbères. On dit que c’est ici que les ancêtres veillent sur nous. Quand vous y êtes, vous comprenez pourquoi. C’est comme être au sommet du monde. »
– Fatima Ouahmane, habitante du village d’Arous
La descente par Oulilimt : un autre visage de la montagne
La descente s’effectue généralement par un itinéraire différent, passant par le plateau d’Oulilimt.
Ce parcours de 12 kilomètres offre un contraste saisissant avec la face nord. Ici, les pentes sont plus douces, parsemées de pelouses alpines où paissent les troupeaux de chèvres.
À mi-chemin, on atteint les sources cristallines d’Oulilimt, véritable oasis d’altitude à 2550 mètres.
C’est l’endroit idéal pour une pause bien méritée et pour refaire le plein d’eau. La descente se poursuit ensuite jusqu’au village de Tarzout, marquant le retour à la civilisation après cette aventure en haute montagne.
Faune et flore du M’Goun : un écosystème unique
Le massif du M’Goun abrite une biodiversité remarquable, adaptée aux conditions extrêmes de la haute montagne.
Dans les parties basses, on trouve une végétation méditerranéenne typique, avec des genévriers, des frênes et des peupliers. En altitude, la flore se fait plus rare mais non moins fascinante, avec des espèces endémiques comme l’érinacée piquante.
Côté faune, le mouflon à manchettes, espèce emblématique de l’Atlas, peuple les versants rocheux. Avec de la chance, on peut apercevoir l’aigle royal ou le gypaète barbu, véritables maîtres des airs. Dans les torrents d’altitude, la truite fario, espèce protégée, trouve refuge.
Quand partir ? Les secrets des saisons du M’Goun
La période idéale pour l’ascension du M’Goun s’étend de mai à octobre.
Le mois de mai offre le spectacle unique des roses en fleur dans la vallée des Aït Bougmez, mais attention aux névés qui peuvent subsister en altitude. L’été est la saison la plus fréquentée, avec des conditions météorologiques stables mais des températures qui peuvent être élevées en journée.
L’automne, particulièrement en septembre et octobre, est souvent considéré comme la meilleure période.
Les températures sont douces, la luminosité exceptionnelle et les couleurs de la montagne sont à leur apogée. L’hiver, de novembre à avril, est réservé aux randonneurs expérimentés, équipés pour la neige et la glace.
Préparer son sac : l’équipement essentiel pour le M’Goun
L’ascension du M’Goun nécessite un équipement adapté à la haute montagne. Des chaussures de randonnée montantes et imperméables sont indispensables, tout comme des vêtements chauds et imperméables.
Les nuits peuvent être froides, même en été, prévoyez donc un sac de couchage adapté aux températures négatives.
N’oubliez pas une protection solaire efficace (crème, lunettes, chapeau), l’altitude et la réverbération sur la neige augmentant considérablement les risques de brûlures.
Une gourde ou une poche à eau d’au moins 2 litres est nécessaire, ainsi qu’un kit de premiers secours. Pour l’orientation, une carte détaillée et un GPS sont recommandés, bien que le sentier soit généralement bien balisé.
Liste d’équipement essentiel :
- Chaussures de randonnée montantes et imperméables
- Vêtements chauds et imperméables (système multicouches)
- Sac de couchage adapté aux températures négatives
- Protection solaire (crème, lunettes, chapeau)
- Gourde ou poche à eau (minimum 2 litres)
- Kit de premiers secours
- Carte détaillée et GPS
- Bâtons de randonnée
- Lampe frontale
Le M’Goun, entre mythe et réalité : les légendes de la montagne
Le M’Goun n’est pas qu’une simple montagne pour les populations locales, c’est un véritable personnage mythologique. Selon les légendes berbères, le sommet serait habité par des djinns, des esprits capables d’influencer le destin des hommes.
On raconte que ces esprits protègent la montagne et ne laissent passer que ceux qui la respectent.
Une autre légende raconte que le M’Goun serait en réalité une ancienne cité engloutie, punie par les dieux pour son orgueil.
Les formations rocheuses étranges que l’on peut observer seraient les vestiges de cette cité perdue. Ces histoires, transmises de génération en génération, ajoutent une dimension mystique à l’ascension.
Rencontres au sommet : l’hospitalité berbère
L’une des expériences les plus marquantes lors de l’ascension du M’Goun est la rencontre avec les populations locales.
Les bergers nomades, qui passent l’été dans les hauts pâturages, sont réputés pour leur hospitalité. Il n’est pas rare qu’ils invitent les randonneurs à partager un thé à la menthe ou une galette de pain.
Ces rencontres sont l’occasion de découvrir un mode de vie ancestral, en parfaite harmonie avec la nature.
Les nomades connaissent chaque recoin de la montagne et sont une source précieuse d’informations sur les conditions météorologiques et l’état des sentiers.
« Chaque fois que je guide des randonneurs sur le M’Goun, je suis émerveillé par la générosité des nomades. Même avec le peu qu’ils ont, ils sont toujours prêts à partager. C’est une leçon d’humanité à chaque ascension. »
– Mohammed El Khattabi, guide de haute montagne
Le M’Goun, sentinelle du changement climatique
Le massif du M’Goun, comme de nombreuses montagnes dans le monde, est un témoin privilégié du changement climatique.
Les glaciers, autrefois permanents, ont presque entièrement disparu, ne subsistant que sous forme de névés en été. Cette fonte accélérée a des conséquences importantes sur l’écosystème et les populations locales.
Les scientifiques utilisent le M’Goun comme un laboratoire à ciel ouvert pour étudier ces changements.
Des stations météorologiques automatiques ont été installées à différentes altitudes, permettant de collecter des données précieuses sur l’évolution du climat en haute montagne.
Comment se rendre au M’Goun ? Voyage au cœur de l’Atlas
L’accès au M’Goun se fait généralement depuis Marrakech. Un trajet en bus ou en taxi collectif d’environ 6 heures permet d’atteindre la ville d’Azilal, porte d’entrée de la région. De là, des transports locaux (taxis ou 4×4) assurent la liaison jusqu’à la vallée des Aït Bougmez, point de départ de la randonnée.
Il est fortement recommandé de faire appel à une agence locale ou à un guide certifié pour organiser l’ascension. Ils s’occupent non seulement de la logistique (transport, hébergement, nourriture) mais apportent aussi leur connaissance approfondie du terrain et des conditions météorologiques.
Informations pratiques :
- Aéroport le plus proche : Marrakech Menara
- Temps de trajet Marrakech – Azilal : environ 6 heures
- Temps de trajet Azilal – Vallée des Aït Bougmez : environ 2 heures
- Hébergement : gîtes dans les villages, bivouac en montagne
- Meilleure période : de mai à octobre
Le M’Goun, au-delà de l’ascension : quelle empreinte laisserez-vous ?
L’ascension du M’Goun est bien plus qu’une simple randonnée en montagne. C’est un voyage au cœur d’une culture millénaire, une immersion dans un écosystème unique et fragile. Chaque pas sur ses pentes est une leçon d’humilité face à la grandeur de la nature.
Alors que vous redescendrez dans la vallée, les images du sommet encore plein les yeux, posez-vous cette question : quelle empreinte voulez-vous laisser ? Celle, éphémère, de vos pas dans la neige, ou celle, durable, d’un voyageur respectueux, conscient de la richesse et de la fragilité de ce patrimoine naturel et culturel ?
Le M’Goun vous attend. Êtes-vous prêt à relever le défi ?