Conquête, guerre, exode ou encore exploit sportif, nombre d’itinéraires de randonnée proposent de redécouvrir un pan de notre passé.
Le temps d’une journée, d’une semaine ou d’un mois, ces sentiers nous mènent sur les traces de ceux qui ont fait l’histoire.
Depuis les Templiers jusqu’aux résistants sous l’Occupation, en passant par Jeanne d’Arc et les Huguenots, voici quatre parcours qui raviront les passionnés d’histoire et marcheurs curieux.
#1 Le GR71C (Occitanie) : sur les traces des Templiers et des Hospitaliers
Le GR71C : un peu d’histoire
Le GR71C se présente sous la forme d’une boucle historique de 83 km tracée sur le causse du Larzac.
L’itinéraire relie quatre sites majeurs fondés par l’ordre de Saint-Jean et l’ordre du Temple. Faisons un bref retour en arrière.
Au Moyen Âge, l’aride plateau du Larzac compte encore peu de villages.
Les bourgs fortifiés sont alors reliés par des chemins, fréquentés non seulement par les militaires et les marchands, mais également par les pèlerins lancés dans une quête spirituelle.
En 1119, les Templiers sont les premiers à s’établir dans la région, avec pour vocation d’accompagner les marcheurs en chemin vers Jérusalem.
En 1151, l’ordre reçoit l’église et le village de Sainte-Eulalie-de-Cernon (au programme du GR71C). 140 ans plus tard, l’arrestation des membres des Templiers aboutit à la dissolution de la congrégation, dont la plupart des biens sont transmis aux Hospitaliers, chargés alors de soigner les malades.
Ceux-ci érigent notamment la tour-refuge de Viala-du-Pas-de-Jaux, où passe également le sentier de Grande Randonnée.
Le GR71C offre ainsi une occasion unique de remonter le temps à l’époque des Croisades et de partir à la découverte de l’héritage patrimonial laissé par les moines-soldats de l’époque.
Le GR71C : randonner au cœur d’une nature préservée
Si le GR71C possède une riche histoire, il dévoile également toute la beauté du Larzac.
Son parcours tracé au cœur du Parc Naturel Régional des Grands Causses offre en effet une biodiversité particulièrement riche, servie par la variété des climats et des sols, à la fois sous influence continentale, montagnarde et méditerranéenne.
Ainsi, plus de 2 000 espèces de végétaux et d’animaux s’y épanouissent. De quoi associer histoire et découverte des merveilles aveyronnaises.
Le GR71C : informations pratiques
- Distance totale : 83 km
- Dénivelé positif cumulé : 1 791 m
- Durée : 4 à 5 jours
- Accès : départ de la boucle à La Couvertoirade (Aveyron)
- Carte : topoGuides Tour du Larzac – Templier – Hospitalier – Entre causses et vallées
- Difficulté : intermédiaire à difficile
#2 Le GR de Pays de Jeanne d’Arc (Lorraine) : sur les terres de la « pucelle d’Orléans »
Le GR de Pays de Jeanne d’Arc : un peu d’histoire
Ce GR tracé dans les départements de la Meuse et des Vosges propose une soixantaine de kilomètres en boucle sur les traces de Jeanne d’Arc.
Depuis sa naissance à Domrémy-la-Pucelle jusqu’à sa prise d’armes à Vaucouleurs, le sentier revient ainsi sur les temps forts de son existence.
Si le GR n’emprunte pas exactement les chemins historiques, il revient bien sur le parcours effectué par la « pucelle d’Orléans » depuis la ferme de son enfance jusqu’à ses terres de combat, en passant par les églises qu’elle fréquentait (l’ermitage de Notre-Dame de Bermont, l’église de Vaucouleurs, etc.).
Ces bâtiments abritent encore aujourd’hui des objets de dévotion de l’époque. Sur le chemin, des statuts lui rendent hommage et rappellent que l’on se trouve bien au pays de Jeanne d’Arc.
Le GR de Pays de Jeanne d’Arc : informations pratiques
- Distance : 56 km
- Dénivelé positif cumulé : 805 m
- Durée : 3 jours environ
- Difficulté : intermédiaire
- Carte : topoGuides Itinérances et randonnée à travers la Meuse
#3 Le GR965 (Auvergne-Rhône-Alpes) : sur la route de l’exil des Huguenots
Le GR965 : un peu d’histoire
En 1685, la révocation de l’édit de Nantes pousse les protestants à l’exil.
Parmi eux, les huguenots, des protestants français, fuient le territoire pour échapper à la conversion forcée et aux persécutions.
Ce sont alors plus de 200 000 hommes et femmes qui se lancent sur les routes entre 1560 et 1760, partis pour l’Allemagne, l’Angleterre, les Pays-Bas ou la Suisse.
Si plusieurs routes ont été empruntées, l’histoire retient notamment celle entre la Drôme et Genève (Suisse).
Le GR965 de nos jours
Aujourd’hui, le GR965 emprunte les chemins de l’exil des Huguenots depuis Poët-Laval dans la Drôme jusqu’à Chancy, en Suisse.
La ville de départ abrite d’ailleurs l’un des rares temples protestants à ne pas avoir été détruits, qui accueille aujourd’hui le musée du Protestantisme dauphinois.
Un beau point de départ pour se mettre dans l’ambiance avant d’entamer cet itinéraire de plus de 400 km sur les traces des Huguenots.
Sur le chemin, nombre d’indices renvoient alors à leur passage, depuis la croix en bois du col de Menée, jusqu’au sommet surnommé le « Bonnet de Calvin » dans le massif du Dévoluy.
Le GR965 : informations pratiques
- Distance : 405 km
- Dénivelé positif cumulé : 18 300 m
- Durée : 30 jours environ
- Difficulté : difficile
- Carte : topoGuides Sur les pas des Huguenots – De la Drôme provençale à Genève
#4 Le sentier des passeurs (Alsace) : dans les pas des résistants sous l’Occupation
Le sentier des passeurs : un peu d’histoire
Juin 1940. L’Alsace est annexée par l’Allemagne qui restaure l’ancienne frontière de 1871, passant sur la ligne de crête entre les Vosges et le Bas-Rhin.
Pour les Alsaciens en quête de liberté, de même que pour les réfractaires au travail obligatoire, la ligne de démarcation apparaît alors comme un objectif à franchir.
Cependant, la zone étant placée sous haute surveillance, l’expédition se révèle particulièrement risquée.
En parfaits connaisseurs de la forêt, des locaux décident alors de mettre en place un réseau de passeurs, accompagnant ces hommes et ces femmes vers la liberté.
Le sentier des passeurs aujourd’hui
Long de 12 km, le sentier des passeurs rend hommage au courage de ces résistants ayant œuvré sous l’Occupation.
Le chemin débute dans la vallée de Bruche (Bas-Rhin), au niveau de la maison forestière de Salm pour rejoindre Moussey dans la vallée du Rabodeau (Vosges) par la forêt.
Cette randonnée est l’occasion de revenir sur cette histoire qui se termina par la déportation de centaines d’habitants de la région, dont 317 ne revinrent jamais.
La vallée du Rabodeau, également surnommée la « vallée des larmes » a d’ailleurs été décorée de la Croix de guerre, en reconnaissance de son engagement dans la résistance.
Sur le sentier des passeurs, une stèle rend hommage à ces héros discrets, curé, maire, instituteur, fermiers, ayant fabriqué de faux papiers, hébergé et aidé les fugitifs.
Le sentier des passeurs : informations pratiques
- Distance : 12 km
- Durée : 4 h environ
- Dénivelé positif : 300 m
- Dénivelé négatif : 500 m
- Difficulté : intermédiaire
- Parking : parking de la Maison forestière de Salm
D’autres sentiers historiques à découvrir
Nombre de sentiers de randonnée permettent de revenir sur une période historique importante de notre pays.
Voici trois suggestions d’itinéraires supplémentaires :
- La Marcha. Depuis 2000, une fois par an, des habitants du val d’Azun dans les Hautes-Pyrénées rejoignent des randonneurs espagnols venus de la vallée de Tena au Port de la Peyre Saint-Martin, à 2 295 mètres d’altitude. Cet événement commémore l’accord signé par leurs ancêtres à cet endroit même, instaurant une paix sociale entre les deux peuples.
- Le canal des Esclaves. En Martinique, le sentier du Canal des esclaves rend hommage aux 300 esclaves ayant décidé de se rebeller après avoir œuvré à la rénovation d’un ouvrage dans les pitons du Carbet pour de riches propriétaires de distillerie de rhum. Cette insurrection se termina par vingt-et-une condamnations à mort, dix aux galères et de nombreuses aux coups de fouet. Le sentier de 4,3 km invite à se souvenir de cette histoire tragique. Attention cependant, le passage technique sur un muret d’une quarantaine de centimètres le long d’à-pics nécessite une prudence de tous les instants. Le passage est d’ailleurs en cours de réaménagement.
- La voie des Grands Mulets. C’est par cette voie que fut réalisée la première ascension du Mont-Blanc par Jacques Balmat et Michel Paccard le 7 et 8 août 1786. Aujourd’hui, cet itinéraire historique est surtout emprunté par les guides et skieurs de randonnée désireux d’emprunter le tracé original pour gravir le toit de l’Europe, tandis que la plupart des sportifs lui préfèrent la voie du dôme du Goûter.