À 2017 mètres d’altitude, le Pic d’Orhy domine fièrement les Pyrénées basques.
Cette randonnée de 4,5 km offre un dénivelé positif de 432 mètres, menant les marcheurs à travers des paysages sauvages et une histoire riche. Du balisage ancestral à la barre rocheuse qui met au défi les randonneurs, le sentier vers l’Orhy est jalonné d’expériences uniques. Ici, le vent souffle les légendes basques tandis que les vautours fauves planent au-dessus des pentes escarpées, témoins silencieux de siècles d’aventures humaines.
Le port de Larrau : porte d’entrée d’une ascension mythique
Le voyage commence au Port de Larrau, à 1585 mètres d’altitude. Ce col historique, point de passage entre la France et l’Espagne, offre un vaste parking où les randonneurs peuvent laisser leur véhicule. Dès les premiers pas, l’œil est attiré par la borne frontière 237, vestige silencieux des accords frontaliers. Le sentier, bien visible, s’élance vers l’ouest, longeant l’arête qui descend du majestueux Pic d’Orhy.
Les 500 premiers mètres sont une mise en jambes progressive. Le chemin serpente à travers des pâturages d’altitude, où l’on peut croiser des troupeaux de brebis en estive. L’herbe rase, ponctuée de rochers affleurants, témoigne de la rudesse du climat. Le regard porte loin, embrassant déjà les sommets environnants et les vallées verdoyantes en contrebas.
L’Orhy Chipia : le petit frère qui annonce le défi
Après environ 1,5 km de marche, le sentier s’élève plus franchement. On atteint alors l’Orhy Chipia, culminant à 1883 mètres. Ce pic rocheux, dont le nom signifie « petit Orhy » en basque, est un avant-goût du sommet principal. Le passage à sa gauche offre une vue imprenable sur le versant espagnol et les forêts d’Irati qui s’étendent à perte de vue.
C’est ici que le vent se fait plus présent, rappelant la nécessité d’être bien équipé. Les rafales peuvent être soudaines et violentes, même par beau temps. Il est recommandé de prendre un moment pour s’hydrater et ajuster son équipement avant d’aborder la partie la plus technique de l’ascension.
La barre rocheuse : un test de nerfs et d’agilité
À mi-parcours, les randonneurs font face à l’un des passages les plus emblématiques de l’itinéraire : une petite barre rocheuse équipée d’une main courante. Ce tronçon de quelques mètres requiert concentration et prudence, surtout par temps humide où la roche peut devenir glissante. Les plus expérimentés franchiront cet obstacle sans difficulté, tandis que les novices pourront prendre leur temps, s’assurant de chaque prise.
« Cette barre rocheuse, c’est le gardien de l’Orhy. Elle teste la détermination de chaque randonneur. Mais une fois passée, on se sent invincible, prêt à conquérir le sommet. »
– Mikel Etxeberria, guide de montagne local depuis 30 ans
Au-delà de ce passage, le sentier s’élargit à nouveau, offrant un moment de répit avant l’assaut final. C’est l’occasion idéale pour observer les vautours fauves qui planent souvent à hauteur d’homme, portés par les courants ascendants.
La fourche fatidique : choisir la voie de la sagesse
À environ 3 km du départ, les randonneurs atteignent une bifurcation cruciale. À droite, une variante directe vers le sommet attire les impatients. Cependant, cette option n’est pas recommandée en raison de ses pentes instables et de l’érosion qu’elle provoque. Le sentier de gauche, bien qu’un peu plus long, offre une progression plus sûre et respectueuse de l’environnement.
Ce détour mène à un petit col situé à environ 1920 mètres d’altitude. C’est un endroit idéal pour une pause, protégé du vent et offrant une vue spectaculaire sur les deux versants de la montagne. Les plus observateurs pourront y apercevoir des isards bondissant sur les pentes rocheuses avoisinantes.
L’ultime ascension : 100 mètres de dénivelé pour toucher le ciel
Les derniers 400 mètres jusqu’au sommet constituent l’apothéose de cette randonnée. Le sentier grimpe résolument vers le pic, alternant entre passages rocheux et portions herbeuses. Chaque pas rapproche le randonneur du ciel, l’effort physique étant récompensé par des panoramas de plus en plus vertigineux.
À mesure que l’on s’élève, l’atmosphère change. L’air se raréfie légèrement, le vent se fait plus mordant. La végétation se fait plus rare, laissant place à un univers minéral où seules quelques plantes alpines résistent aux conditions extrêmes. C’est le royaume des aigles royaux et des gypaètes barbus, qu’on peut parfois apercevoir tournoyant autour du sommet.
Le sommet : un balcon sur les Pyrénées à 2017 mètres
Atteindre le sommet du Pic d’Orhy est une expérience inoubliable. À 2017 mètres d’altitude, on se sent littéralement sur le toit du Pays basque. Le panorama à 360° est à couper le souffle. Au nord, le regard porte jusqu’au golfe de Gascogne par temps clair. À l’est et à l’ouest s’étendent les crêtes des Pyrénées, tandis qu’au sud, les forêts de Navarre déroulent leur tapis vert à l’infini.
« Quand j’arrive au sommet de l’Orhy, je me sens chez moi. C’est ici que le ciel rencontre la terre, que le Pays basque embrasse les nuages. Chaque fois, c’est une émotion nouvelle. »
– Maialen Lujanbio, bertsolariste et randonneuse passionnée
Le sommet est marqué par une borne géodésique et un cairn imposant. C’est l’endroit idéal pour une pause bien méritée, pour contempler le paysage et méditer sur l’exploit accompli. Attention cependant à ne pas s’attarder trop longtemps si le temps menace de se dégrader.
La descente : vigilance et récompenses
La descente s’effectue par le même itinéraire, mais elle requiert une attention particulière. Les jambes fatiguées et l’euphorie du sommet ne doivent pas faire oublier les passages techniques, notamment la barre rocheuse. C’est souvent à la descente que surviennent les accidents, il est donc crucial de rester concentré.
Cependant, la descente offre aussi ses récompenses. La lumière changeante de l’après-midi révèle de nouveaux aspects du paysage. C’est souvent le moment où la faune se montre plus active, offrant de belles opportunités d’observation. Les marmottes, bien que non natives de la région, ont été introduites et peuvent parfois être aperçues près des zones rocheuses.
Préparation et équipement : les clés d’une ascension réussie
Une ascension du Pic d’Orhy nécessite une préparation minutieuse. Voici les éléments essentiels à ne pas négliger :
- Chaussures de randonnée à tige haute, pour une bonne protection des chevilles
- Vêtements chauds et imperméables, le temps pouvant changer rapidement
- Réserve d’eau suffisante (minimum 2 litres par personne) et collations énergétiques
- Carte IGN (1:25000) et boussole, en complément d’un GPS si possible
- Bâtons de randonnée, particulièrement utiles pour la descente
- Crème solaire, lunettes de soleil et chapeau, l’exposition au soleil étant forte en altitude
- Téléphone portable chargé et batterie externe
Il est également recommandé de vérifier la météo la veille et le matin du départ. Les conditions peuvent changer rapidement en montagne, et une randonnée par beau temps sera toujours plus agréable et sûre.
Quand partir ? Les secrets d’un timing parfait
La période idéale pour gravir le Pic d’Orhy s’étend de juin à septembre. En début de saison, les prairies alpines sont parsemées de fleurs sauvages, offrant un spectacle coloré. Juillet et août garantissent généralement les meilleures conditions météorologiques, mais c’est aussi la période la plus fréquentée.
Pour les randonneurs expérimentés, les mois de mai et octobre peuvent offrir une expérience plus solitaire et sauvage, mais attention aux possibles névés en début de saison et aux premiers froids en fin d’été. Quelle que soit la période choisie, un départ matinal est recommandé pour profiter de la fraîcheur et éviter les orages souvent présents en fin d’après-midi.
L’héritage culturel : entre mythes et réalités
Le Pic d’Orhy n’est pas qu’un simple sommet, c’est un lieu chargé d’histoire et de légendes. Son nom même, dérivé du basque « orre » signifiant « genévrier », évoque la végétation qui jadis recouvrait ses pentes. Dans la mythologie basque, l’Orhy était considéré comme un lieu de sabbat, où sorcières et créatures mystiques se réunissaient.
Un proverbe basque dit : « Orhiko xoria, Orhin laket » (L’oiseau d’Orhy se plaît à Orhy), soulignant l’attachement profond des locaux à cette montagne. Chaque ascension est ainsi une immersion dans la culture basque, une connexion avec des siècles de traditions pastorales et de légendes transmises de génération en génération.
Après l’effort, le réconfort : découvertes gastronomiques à Larrau
Après une telle aventure, le village de Larrau offre un havre de paix et de réconfort. Les randonneurs peuvent y goûter aux spécialités basques dans les restaurants locaux. Le fromage de brebis, l’axoa (ragoût de veau haché) ou le gâteau basque sont autant de délices qui permettront de reprendre des forces tout en découvrant la richesse culinaire de la région.
Pour ceux qui souhaitent prolonger l’expérience, les hébergements comme les Chambres Despouey, Etxandi ou la Maison Uthurraltea offrent un accueil chaleureux dans un cadre authentique. C’est l’occasion de partager ses exploits du jour avec d’autres randonneurs et de se plonger dans l’atmosphère unique des villages basques.
Le Pic d’Orhy, une aventure à vivre et à revivre ?
L’ascension du Pic d’Orhy est bien plus qu’une simple randonnée. C’est un voyage au cœur de la culture basque, une aventure physique et spirituelle qui laisse des souvenirs impérissables. Que vous soyez un randonneur chevronné ou un amateur en quête de défi, l’Orhy vous attend, majestueux et intemporel.
Alors, êtes-vous prêt à relever le défi de l’Orhy ? À sentir le vent des Pyrénées sur votre visage et à toucher du doigt le ciel basque ? L’aventure commence ici, au pied de ce géant de pierre qui a tant à offrir à ceux qui osent le défier.
Bonne randonnée et que l’esprit de l’Orhy vous accompagne dans votre ascension !
J’y ai laissé des cailloux de l’Everest et là bas, il y a ceux de l’Orhi