1826 mètres d’altitude, 4 km de crête et 344 mètres de dénivelé positif.
Voilà les chiffres qui résument la randonnée emblématique sur les crêtes de la Montagne de Lure.
Mais ces données ne révèlent qu’une infime partie de l’expérience qui attend le randonneur.
Depuis le Signal de Lure, le regard embrasse un panorama à 360° sur les Alpes du Sud et le Mont Ventoux.
Cette montagne, surnommée « le petit frère du Géant de Provence », cache une histoire riche et des paysages uniques façonnés par des siècles de transhumance.
La légende du Lioure : aux origines d’un nom mystérieux
Le nom « Montagne de Lure » intrigue dès le premier abord. Issu de l’occitan provençal, il pourrait dériver de « Lioure », un toponyme local dont l’origine reste discutée.
Cette étymologie incertaine ajoute une touche de mystère à ce massif qui se dresse fièrement entre la vallée de la Durance et le plateau d’Albion.
Au fil des siècles, la montagne a vu passer bergers, résistants et pèlerins.
Chacun a laissé son empreinte, contribuant à forger l’identité unique de ce lieu chargé d’histoire. Les sentiers que nous empruntons aujourd’hui sont les témoins silencieux de ces passages.
Du parking à la crête : les premiers pas sur un sentier millénaire
L’aventure commence à l’aire du sommet de Lure, accessible par la D53.
Dès les premiers mètres, le randonneur est plongé dans l’ambiance particulière de la montagne. Le sentier, bien balisé en jaune et rouge, serpente doucement à travers les landes herbeuses.
Cette première portion de 1,5 km offre un dénivelé positif de 80 mètres.
Le terrain, relativement facile, permet de s’échauffer en douceur tout en s’imprégnant des lieux. Les yeux s’habituent progressivement à l’immensité du paysage qui se dévoile pas à pas.
La pelouse sèche de Lure : un écosystème unique à 1800 mètres d’altitude
Après 30 minutes de marche, le sentier débouche sur la pelouse sèche de Lure.
Ce milieu fragile abrite des espèces rares et protégées comme l’ancolie de Bertolini ou le genêt radié. Le randonneur averti ralentira le pas pour observer cette flore exceptionnelle, témoin de l’adaptation à des conditions climatiques extrêmes.
C’est ici que la biodiversité de la Montagne de Lure se révèle dans toute sa splendeur.
Au printemps, le spectacle des floraisons successives transforme ces pelouses en véritables jardins d’altitude. Un arrêt s’impose pour immortaliser cette explosion de couleurs.
Les Chaumettes : un balcon sur les Alpes du Sud
À mi-parcours, soit environ 2 km après le départ, le sentier atteint le lieu-dit des Chaumettes.
Ce point stratégique offre une vue imprenable sur les massifs environnants. Par temps clair, le regard porte jusqu’aux sommets des Écrins au nord-est et au Mont Ventoux à l’ouest.
C’est l’endroit idéal pour une pause contemplative. Les randonneurs expérimentés profiteront de ce moment pour repérer les différents sommets et partager leurs connaissances sur la géographie alpine. Une table d’orientation permettrait d’enrichir l’expérience, mais son absence est compensée par la pureté du panorama.
Le Creux des chamois : sur les traces de la faune sauvage
La suite du parcours mène au Creux des chamois, un vallon encaissé qui tient son nom de ses habitants les plus célèbres. Bien que les chamois soient discrets, les chances de les apercevoir augmentent à l’aube ou au crépuscule.
Le randonneur patient pourra observer leurs évolutions acrobatiques sur les pentes escarpées.
Ce secteur, situé à environ 3 km du départ, présente un dénivelé négatif de 50 mètres avant de remonter vers la crête. Le sentier devient plus technique, avec quelques passages sur des éboulis qui demandent une attention particulière, surtout par temps humide.
La crête de Lure : entre ciel et terre sur 1 kilomètre d’arête
Le clou du spectacle attend le randonneur sur la dernière portion du parcours.
La crête de Lure s’étire sur près d’un kilomètre, offrant une progression aérienne entre ciel et terre. Le sentier, bien que facile techniquement, demande une certaine vigilance en raison de l’exposition au vent.
C’est ici que l’on prend pleinement conscience de la géologie particulière de la montagne.
Les failles nord-nord-est qui parcourent la crête témoignent des forces titanesques qui ont façonné le paysage au fil des millénaires.
Le retour : une boucle riche en enseignements
Le retour s’effectue par le même itinéraire, offrant une nouvelle perspective sur les paysages traversés à l’aller.
Cette boucle de 7 km se termine à l’aire du sommet de Lure, point de départ de l’aventure. Le randonneur aura parcouru un dénivelé total de 344 mètres positifs.
Ce parcours, réalisable en 3 heures pour un marcheur moyen, peut s’étendre sur une demi-journée pour qui souhaite prendre le temps d’observer, photographier et s’imprégner pleinement de l’atmosphère unique de la Montagne de Lure.
L’héritage de la résistance : quand la montagne se fait refuge
La Montagne de Lure n’est pas seulement un lieu de randonnée, c’est aussi un livre d’histoire à ciel ouvert.
En 1851, ses habitants se sont illustrés par leur ferveur républicaine face au coup d’État. Cette tradition de résistance s’est perpétuée pendant la Seconde Guerre mondiale, notamment sous l’impulsion du poète René Char.
« En 1943, ces crêtes que vous foulez sont devenues des zones de largage pour le matériel des Alliés. La montagne, refuge naturel, s’est faite complice de la liberté. »
– Jean Garcin, historien local et fils de résistant
Aujourd’hui, des stèles discrètes rappellent ce passé héroïque. Le randonneur attentif pourra les repérer au détour du sentier, témoignages silencieux d’une époque où la montagne était synonyme de liberté et de courage.
La transhumance : un patrimoine vivant à préserver
La Montagne de Lure est indissociable de la tradition de la transhumance. Depuis le Moyen Âge, les troupeaux de moutons et de chèvres ont façonné les paysages, créant ces vastes étendues herbeuses qui font le charme des lieux.
Les drailles, ces chemins de transhumance, sont encore visibles et parfois empruntés par les randonneurs. Certaines portions du sentier suivent ces anciennes voies, permettant de marcher littéralement dans les pas des bergers d’antan.
« Chaque été, quand je monte mes bêtes sur Lure, j’ai l’impression de perpétuer un rituel vieux comme le monde. La montagne, elle change pas, c’est nous qui passons. »
– Marius Briançon, berger transhumant depuis 40 ans
Bien que moins fréquente aujourd’hui, la transhumance reste une pratique vivante qui contribue à l’entretien des paysages et à la préservation de la biodiversité. Les randonneurs chanceux pourront peut-être croiser un troupeau en estive, spectacle toujours impressionnant.
Conseils pratiques : préparer sa randonnée sur la Montagne de Lure
Équipement recommandé
- Chaussures de randonnée à tige montante
- Vêtements adaptés à la saison (attention aux changements rapides de température)
- Bâtons de marche pour les passages plus techniques
- Eau en quantité suffisante (2L minimum par personne)
- Carte IGN 3340ET « Montagne de Lure »
- Téléphone portable chargé (couverture réseau limitée)
Meilleure période
De mai à septembre, la Montagne de Lure offre ses plus beaux atours.
Le printemps tardif (fin mai – début juin) est idéal pour observer la flore alpine en pleine floraison. L’automne, particulièrement en octobre, offre des couleurs spectaculaires avec le changement de teinte des feuillages.
Accès et stationnement
Le parking de l’aire du sommet de Lure est le point de départ idéal.
Il est accessible par la D53 depuis Saint-Etienne-les-Orgues. Attention, la route peut être fermée en hiver en raison de la neige.
Sécurité et réglementation
Bien que classée « facile », cette randonnée nécessite une vigilance constante, notamment sur la crête exposée au vent. En cas d’urgence, contactez le 15 (SAMU) ou le 18 (Pompiers).
Respectez la faune et la flore, ne sortez pas des sentiers balisés et remportez vos déchets.
Que nous réserve l’avenir de la Montagne de Lure ?
La Montagne de Lure, comme de nombreux espaces naturels, fait face aux défis du changement climatique et de la pression touristique croissante.
Des initiatives locales émergent pour préserver ce patrimoine unique, alliant tradition pastorale et protection de la biodiversité.
Les randonneurs ont un rôle crucial à jouer dans cette préservation.
En adoptant une approche responsable et respectueuse, chacun contribue à assurer que les générations futures pourront, elles aussi, découvrir les merveilles de la Montagne de Lure. Alors, chaussez vos bottes, ouvrez grand vos yeux et vos oreilles, et partez à la découverte de ce joyau des Alpes-de-Haute-Provence. La montagne vous attend, dans toute sa beauté sauvage et son histoire millénaire.
Merci pour ce beau reportage,qui est, à mon avis,un joyau à préserver coûte que coûte.
Que pensez-vous de cette politique d’énergie verte sur la montagne de Lure ?
C’est un non sens ?
Bonjour, très jolie balade mais grosse frayeur lorsque nous nous sommes fait aborder au pas de course par 2 bergers d Anatolie toutes dents dehors. Ils sont venus de très loin alors que étions à grande distance d’un troupeau de moutons. Ils ont fini par repartir en nous laissant avec une grosse peur au ventre.