660 kilomètres de côtes normandes, 126 mètres de falaises vertigineuses au Nez de Jobourg : bienvenue sur le GR223.
Ici, sur la presqu’île de la Hague, l’extrémité nord-ouest du Cotentin, l’océan sculpte inlassablement des falaises parmi les plus hautes d’Europe.
Le GR223 serpente le long de ce littoral sauvage, offrant une randonnée où chaque virage dévoile un nouveau panorama à couper le souffle.
Des vestiges préhistoriques aux phares battus par les vents, ce parcours est un voyage à travers les millénaires, bercé par le fracas des vagues contre les rochers.
De Cherbourg à Port Racine : les premiers pas vers l’aventure
Notre périple débute à Cherbourg, cité maritime chargée d’histoire.
Dès les premiers kilomètres, le sentier s’échappe de la ville pour longer les falaises de Landemer. Après 8 km de marche, les landes dorées s’étendent à perte de vue, ponctuées çà et là de fougères ondulant sous la brise marine. Le dénivelé est doux, permettant aux jambes de s’échauffer progressivement.
À mi-chemin de cette première étape, Port Racine se dévoile, niché dans une crique rocheuse.
Ce havre minuscule, fièrement baptisé « plus petit port de France », offre une pause bienvenue. Les quelques barques colorées qui s’y balancent au gré des marées contrastent avec l’immensité de l’océan qui s’étend à l’horizon.
Données techniques :
- Distance : 15 km
- Dénivelé : +260 m
- Durée : 4-5 heures
- Difficulté : Facile à modérée
Points d’intérêt :
- Falaises de Landemer
- Port Racine
- Panoramas sur la Manche
Cap de la Hague : quand la terre s’effrite face à l’océan
Passé Port Racine, le sentier prend des allures plus sauvages. Les 10 km suivants mènent au phare de Goury, sentinelle dressée sur le Cap de la Hague. Ce tronçon offre un condensé saisissant des paysages côtiers normands : falaises abruptes, criques secrètes et landes balayées par les vents. Le terrain devient plus technique, avec des montées et descentes qui mettent les mollets à l’épreuve.
Le phare de Goury, avec sa silhouette rouge et blanche, marque un point de repère crucial. De son promontoire, par temps clair, on aperçoit les côtes anglaises de l’île d’Aurigny. C’est ici que les courants marins sont les plus violents, offrant un spectacle hypnotique de remous et de vagues déferlantes.
« Quand la mer se déchaîne autour du phare, on comprend pourquoi les marins redoutaient tant ce passage. Mais c’est aussi là qu’on ressent toute la puissance et la beauté de la nature. »
Données techniques :
- Distance : 10 km
- Dénivelé : +300 m
- Durée : 3-4 heures
- Difficulté : Modérée
Points d’intérêt :
- Phare de Goury
- Vue sur l’île d’Aurigny
- Courants marins spectaculaires
Le Nez de Jobourg : 126 mètres de vertige et d’histoire
L’ascension vers le Nez de Jobourg marque le point culminant de notre randonnée, tant en altitude qu’en émotions.
Ces falaises, hautes de 126 mètres, offrent un panorama à 360° sur la Manche. Le sentier devient plus escarpé, nécessitant une attention particulière, surtout par temps humide.
Des escaliers taillés dans la roche et des passages étroits au bord du vide mettent à l’épreuve les moins aguerris.
Au sommet, le spectacle est grandiose. Les strates géologiques visibles sur les parois racontent des millions d’années d’histoire de la Terre.
C’est aussi un lieu privilégié pour observer la faune marine : dauphins, phoques et une multitude d’oiseaux marins nichant dans les falaises.
Données techniques :
- Distance : 5 km (aller-retour depuis le phare de Goury)
- Dénivelé : +200 m
- Durée : 2-3 heures
- Difficulté : Difficile
Points d’attention :
- Passages vertigineux
- Sol glissant par temps humide
- Vents parfois violents
Hague-Dick et tumulus : sur les traces des anciens
Quittant les hauteurs du Nez de Jobourg, le sentier plonge dans l’histoire ancienne de la Hague.
Le Hague-Dick, imposant rempart de terre et de pierres datant de l’âge du bronze, s’étire sur plusieurs kilomètres. Cette fortification préhistorique, vieille de 3000 ans, témoigne de l’occupation humaine millénaire de la région.
Plus loin, les tumulus de Beaumont ponctuent le paysage de leurs mystérieuses silhouettes.
Ces sépultures gauloises, disséminées dans les landes, invitent à une pause contemplative. Le sentier serpente entre ces vestiges, offrant une randonnée archéologique à ciel ouvert.
Données techniques :
- Distance : 8 km
- Dénivelé : +150 m
- Durée : 2-3 heures
- Difficulté : Facile à modérée
Points d’intérêt :
- Hague-Dick
- Tumulus de Beaumont
- Panoramas sur les landes
Les Brequets : là où Vikings et nature se défient
Le parcours se poursuit vers les Brequets, récifs légendaires qui ont vu passer les drakkars vikings. Ces formations rocheuses, sculptées par les éléments, créent un paysage lunaire fascinant à marée basse. Le sentier longe la côte, alternant entre passages sur la plage et montées sur les falaises, offrant des points de vue changeants sur cet enchevêtrement de rochers.
C’est ici que la biodiversité marine se révèle dans toute sa splendeur. Les mares laissées par la marée regorgent de vie : crabes, anémones et étoiles de mer s’y épanouissent. Les ornithologues amateurs apprécieront l’observation des colonies d’oiseaux marins nichant dans les falaises environnantes.
Données techniques :
- Distance : 6 km
- Dénivelé : +100 m
- Durée : 2 heures
- Difficulté : Modérée
À noter :
- Vérifier les horaires des marées
- Chaussures adaptées aux rochers glissants
- Jumelles recommandées pour l’observation des oiseaux
Le Mur Blanc : 1887, quand la pierre guide les marins
Le Mur Blanc, construit en 1887, se dresse comme un témoin silencieux de l’histoire maritime de la région. Cette structure imposante, visible de loin en mer, servait de repère aux navigateurs. Le sentier longe ce mur sur plusieurs centaines de mètres, offrant une perspective unique sur son architecture et son rôle crucial dans la navigation côtière.
Ce tronçon du GR223 est particulièrement exposé aux vents, rendant la marche parfois difficile mais toujours exaltante. Les vues sur l’océan sont spectaculaires, surtout au coucher du soleil lorsque le Mur Blanc se teinte d’or.
Données techniques :
- Distance : 4 km
- Dénivelé : +50 m
- Durée : 1-2 heures
- Difficulté : Facile
À ne pas manquer :
- Panneaux explicatifs sur l’histoire du Mur Blanc
- Vue panoramique sur la côte
- Coucher de soleil sur l’océan
Grottes du Lion : légendes et mystères des contrebandiers
Les grottes du Lion, nichées au pied des falaises, sont entourées de légendes de contrebandiers et de mystères. Accessibles uniquement à marée basse, ces cavités naturelles offrent une parenthèse insolite dans la randonnée. Le sentier descend abruptement vers la plage, nécessitant prudence et agilité.
L’exploration des grottes (avec précaution et équipement adéquat) révèle un monde fascinant de formations rocheuses et d’échos marins. C’est l’occasion de laisser son imagination vagabonder, bercé par les histoires de trésors cachés et de passages secrets.
« Ces grottes ont toujours fait partie de notre folklore local. Enfant, on nous racontait qu’elles menaient à des passages sous-marins vers Jersey. Aujourd’hui, elles restent un lieu magique, témoin de notre histoire maritime. »
– Jean Lecoq, historien local et guide occasionnel
Données techniques :
- Distance : 3 km (aller-retour)
- Dénivelé : -50 m / +50 m
- Durée : 1-2 heures
- Difficulté : Modérée à difficile
Précautions :
- Vérifier impérativement les horaires de marée
- Lampe frontale et chaussures adaptées indispensables
- Ne pas s’aventurer seul dans les grottes
Castel Vendon : quand Rome veillait sur la Manche
Le parcours s’achève sur les vestiges du Castel Vendon, témoignage de la présence romaine dans la région. Ce site archéologique, perché sur une colline dominant la mer, offre une vue imprenable sur la côte. Les fondations du château-fort et les découvertes monétaires racontent l’histoire d’un avant-poste stratégique de l’Empire romain.
Le sentier serpente entre les ruines, permettant d’imaginer la vie quotidienne des soldats romains qui surveillaient jadis ces côtes. Des panneaux explicatifs jalonnent le parcours, offrant une plongée fascinante dans l’histoire antique de la Normandie.
Données techniques :
- Distance : 5 km (boucle autour du site)
- Dénivelé : +100 m
- Durée : 1-2 heures
- Difficulté : Facile
À ne pas manquer :
- Vestiges du château-fort romain
- Exposition de pièces de monnaie antiques
- Vue panoramique sur la côte
Préparation et conseils pratiques : les clés d’une aventure réussie
Équipement essentiel :
- Chaussures de randonnée imperméables
- Vêtements adaptés aux changements météo rapides
- Bâtons de marche pour les passages escarpés
- Carte IGN et/ou GPS (le réseau peut être capricieux)
Meilleure période :
De mai à septembre pour des conditions optimales. Les couleurs automnales en octobre offrent des paysages saisissants, mais attention aux vents plus violents.
Hébergement :
Gîtes et chambres d’hôtes sont disséminés le long du parcours. Réservation conseillée, surtout en haute saison. Le camping sauvage est interdit sur le littoral.
Ravitaillement :
Prévoyez suffisamment d’eau et de snacks. Les villages traversés offrent des possibilités de ravitaillement, mais les commerces peuvent être rares sur certains tronçons.
Sécurité :
- Informez-vous sur les horaires des marées
- Restez sur les sentiers balisés, particulièrement près des falaises
- En cas d’urgence, composez le 15 ou le 112
Quel avenir pour le GR223 face aux défis climatiques ?
Le GR223 et les falaises de la Hague offrent une expérience de randonnée unique, mêlant beauté naturelle, histoire millénaire et défis sportifs. Cependant, l’érosion côtière et la montée des eaux posent des questions sur l’avenir de ce sentier emblématique. Des efforts de préservation et d’adaptation sont en cours, impliquant randonneurs, autorités locales et scientifiques.
Chaque pas sur le GR223 est une immersion dans un paysage en constante évolution, façonné par les éléments depuis des millénaires. C’est aussi une invitation à la réflexion sur notre rapport à la nature et notre responsabilité dans sa préservation. Alors, êtes-vous prêt à vivre cette aventure unique, entre terre et mer, histoire et nature ?
Pour préparer votre randonnée, consultez les dernières mises à jour et téléchargez les tracés GPS sur notre page dédiée aux randonnées en Normandie. Et n’oubliez pas, la meilleure façon de préserver ces sentiers est de les parcourir avec respect et émerveillement.






126 m les falaises quasi les plus hautes d’Europe ? Ridicule ! Déjà en France le Cap Canaille entre Cassis et la Ciotat culmine à 426 m. Mais les records sont dans les fjords norvégiens. Un peu de géographie ne vous ferait pas de mal !