669 mètres de dénivelé positif et 7h30 de marche : voilà ce qui vous attend sur la Boucle du Plateau de l’Aubrac.
Ce sentier mythique traverse un paysage granitique façonné par les glaciers, où burons en pierre sèche et troupeaux transhumants racontent une histoire millénaire. Ici, le vent souffle sur les vastes étendues herbeuses, portant les effluves du thé d’Aubrac et de l’aligot fumant.
Entre l’Aveyron, le Cantal et la Lozère, cette randonnée technique vous plonge au cœur d’un territoire préservé, sur les pas des pèlerins de Compostelle.
Saint-Chély-d’Aubrac : le point de départ historique des 19,3 km
Le village de Saint-Chély-d’Aubrac marque le début et la fin de cette boucle exigeante. Dès les premiers pas, le randonneur est plongé dans l’histoire : le pont dit « des pèlerins » enjambe la Boralde, témoin séculaire du passage des marcheurs sur le chemin de Saint-Jacques.
Le dénivelé se fait sentir rapidement, avec une montée de 150 mètres sur les deux premiers kilomètres.
L’équipement est crucial ici : des chaussures de randonnée robustes sont indispensables pour affronter le terrain parfois accidenté. N’oubliez pas une réserve d’eau conséquente, car les points de ravitaillement sont rares sur le plateau.
« Quand vous quittez Saint-Chély, prenez le temps d’observer les vieilles pierres du pont. Chacune raconte l’histoire d’un pèlerin, d’un berger, d’un voyageur qui a foulé ce chemin avant vous. C’est le véritable début de l’aventure sur l’Aubrac. »
– Marie Brousse, guide locale depuis 30 ans
>> Pour la trace GPX, c’est par ici <<
La montée vers le plateau : 300 mètres de dénivelé en 4 km
Après Saint-Chély, le sentier s’élève résolument vers le plateau. Cette section de 4 km est la plus exigeante techniquement, avec un dénivelé positif de 300 mètres. Le chemin, bien balisé en jaune et rouge (GRP), serpente à travers des sous-bois denses avant d’émerger sur les premières étendues du plateau.
La progression demande de l’attention : des racines affleurantes et des pierres glissantes par temps humide nécessitent une vigilance constante. Des bâtons de marche peuvent s’avérer précieux pour maintenir l’équilibre et soulager les genoux dans les passages les plus pentus.
À mi-parcours de cette montée, aux alentours du 3e kilomètre, un petit ruisseau offre une opportunité de ravitaillement en eau. Assurez-vous de la traiter avant consommation.
Le plateau de l’Aubrac se dévoile : panoramas à 360° après 6 km
Arrivé au sommet de la montée, vers le 6e kilomètre, le randonneur est récompensé par des vues à couper le souffle. Le plateau de l’Aubrac s’étend à perte de vue, ponctué de blocs granitiques et de lacs d’origine glaciaire. C’est ici que l’on prend la pleine mesure de l’immensité et de la beauté sauvage de ce territoire.
Le terrain s’aplanit, offrant un répit bienvenu après l’ascension. Cependant, restez attentif : le plateau est connu pour ses changements météorologiques rapides. Un brouillard épais peut s’installer en quelques minutes, réduisant considérablement la visibilité. Une boussole et une carte papier sont des compagnons indispensables, même si vous disposez d’un GPS.
Au printemps et en été, le plateau se pare d’un tapis de fleurs multicolores. Gardez l’œil ouvert pour repérer le rare et protégé thé d’Aubrac, reconnaissable à ses petites fleurs blanches.
Les burons de l’Aubrac : 8 km de randonnée au cœur des traditions
Entre le 8e et le 16e kilomètre, le sentier serpente entre les burons, ces cabanes de pierre sèche emblématiques de l’Aubrac. Certains sont encore utilisés pour la fabrication du fromage, perpétuant des méthodes ancestrales. D’autres, abandonnés, racontent silencieusement l’histoire d’une vie pastorale révolue.
Cette section du parcours est relativement plate, avec un dénivelé cumulé d’environ 100 mètres. Le terrain peut être boueux après les pluies, rendant la progression plus lente. Prévoyez des guêtres pour protéger vos chaussures et le bas de votre pantalon.
Au 12e kilomètre, le buron de Caméjane offre un abri idéal pour une pause déjeuner. C’est l’occasion de goûter à l’aligot, plat emblématique de la région, si vous avez eu la prévoyance d’en emporter.
« Les burons sont l’âme de l’Aubrac. Chaque pierre raconte l’histoire des hommes et des femmes qui ont façonné ce paysage. Quand vous passez devant un buron, prenez un moment pour vous imprégner de cette atmosphère unique. »
– Jean-Pierre Alazard, fromager et gardien de buron depuis 40 ans
La cascade du Déroc : une pause rafraîchissante au 17e kilomètre
À environ 17 km du départ, un détour de 500 mètres vous mène à la spectaculaire cascade du Déroc. Haute de 32 mètres, elle dévale une paroi de prismes basaltiques, témoignage du passé volcanique de la région. C’est un spot idéal pour une pause photo et un moment de contemplation avant d’entamer la dernière partie du parcours.
Le chemin menant à la cascade peut être glissant, surtout par temps humide. La prudence est de mise, particulièrement avec des enfants ou des randonneurs moins expérimentés. Des chaussures avec une bonne adhérence sont essentielles pour cette partie du trajet.
En été, la cascade offre un havre de fraîcheur bienvenu. C’est aussi un excellent point d’observation pour la faune locale : avec un peu de chance et de patience, vous pourriez apercevoir des rapaces nichant dans les falaises environnantes.
Le retour vers Saint-Chély : 2,3 km de descente technique
Les derniers kilomètres vous ramènent à Saint-Chély-d’Aubrac par une descente prononcée. Cette section de 2,3 km présente un dénivelé négatif d’environ 250 mètres. Le sentier, parfois étroit et caillouteux, demande une attention soutenue, surtout si vos jambes commencent à ressentir la fatigue de la journée.
Le balisage reste bien visible, mais la descente offre plusieurs bifurcations. Restez vigilant pour suivre le bon itinéraire, marqué par les balises jaunes et rouges du GRP. En cas de doute, votre carte ou GPS sera précieux pour confirmer votre position.
Cette dernière partie du parcours offre de belles vues sur la vallée et le village de Saint-Chély qui se rapproche. C’est le moment idéal pour réfléchir à la journée passée sur le plateau et commencer à anticiper le réconfort d’une bonne table aubraquoise à l’arrivée.
Faune et flore de l’Aubrac : une biodiversité exceptionnelle à chaque saison
Tout au long des 19,3 km, l’Aubrac dévoile sa richesse écologique. Au printemps, le plateau se couvre d’un tapis de narcisses et de jonquilles. L’été voit fleurir la gentiane jaune, utilisée dans la fabrication de liqueurs locales. L’automne pare les forêts de hêtres de couleurs flamboyantes, tandis que l’hiver transforme le plateau en un désert blanc balayé par les vents.
La faune n’est pas en reste. Les vaches de race Aubrac, reconnaissables à leur robe froment et leurs yeux maquillés de noir, paissent tranquillement sur le plateau. Plus discrets, les chevreuils et les cerfs peuvent être aperçus à l’aube ou au crépuscule. Les ornithologues amateurs guetteront le vol majestueux du milan royal ou le chant caractéristique de l’alouette des champs.
Pour maximiser vos chances d’observation, équipez-vous de jumelles et adoptez une démarche discrète, particulièrement dans les zones boisées et près des points d’eau.
Équipement et préparation : les clés d’une randonnée réussie sur l’Aubrac
La boucle du Plateau de l’Aubrac exige une préparation minutieuse. Voici une liste non exhaustive de l’équipement essentiel :
- Chaussures de randonnée montantes et imperméables
- Vêtements adaptés aux conditions changeantes (principe des trois couches)
- Sac à dos de 30-40 litres avec housse imperméable
- Minimum 2 litres d’eau par personne
- Vivres pour la journée (barres énergétiques, fruits secs, sandwich)
- Carte IGN 2538OT et boussole (en plus du GPS)
- Téléphone portable chargé
- Trousse de premiers secours
- Bâtons de marche (recommandés pour soulager les articulations)
- Crème solaire, chapeau et lunettes de soleil
- Vêtements de rechange (notamment chaussettes)
N’oubliez pas de vérifier la météo la veille et le matin du départ. Les conditions sur le plateau peuvent changer rapidement, et un équipement adapté peut faire toute la différence entre une randonnée agréable et une expérience difficile.
Quand partir ? Les meilleures périodes pour randonner sur l’Aubrac
La boucle du Plateau de l’Aubrac est praticable d’avril à novembre, mais chaque saison offre une expérience unique :
Le printemps (avril-juin) voit le plateau s’éveiller dans une explosion de couleurs. C’est la période idéale pour observer la flore, avec la floraison des narcisses en mai. Les températures sont douces, mais les averses fréquentes.
L’été (juillet-août) offre les conditions les plus stables, avec des journées longues et généralement ensoleillées. C’est aussi la période la plus fréquentée. Les températures peuvent être élevées en journée, rendant la randonnée plus exigeante.
L’automne (septembre-novembre) pare le plateau de couleurs chaudes. Les journées raccourcissent et les températures baissent, mais la lumière est exceptionnelle pour la photographie. C’est aussi la période du brame du cerf.
L’hiver, bien que magnifique, n’est pas recommandé pour les randonneurs inexpérimentés. Le plateau peut être recouvert de neige et les conditions météorologiques sont souvent difficiles.
L’Aubrac, terre de traditions : immersion culturelle au fil des kilomètres
La randonnée sur l’Aubrac n’est pas qu’une expérience physique, c’est aussi un voyage dans le temps et les traditions. Le long du parcours, vous croiserez des témoignages vivants de ce riche patrimoine :
La transhumance, célébrée chaque année fin mai, voit des milliers de vaches monter sur le plateau pour l’estive. Même hors de cette période, vous pourrez observer les troupeaux et peut-être rencontrer un éleveur perpétuant ces pratiques ancestrales.
Les burons, ces cabanes de pierre typiques, racontent l’histoire de la fabrication du fromage d’Aubrac. Certains sont encore en activité, permettant aux randonneurs chanceux d’assister à la fabrication traditionnelle du fromage.
Le chemin croise également des vestiges de la voie romaine et des églises romanes, témoins silencieux de siècles d’histoire. Chaque pierre, chaque sentier raconte une histoire que le randonneur attentif saura écouter.
Que vous réserve l’avenir de la randonnée sur l’Aubrac ?
L’Aubrac, malgré sa beauté sauvage et ses traditions préservées, n’échappe pas aux défis du futur. Le changement climatique modifie progressivement la flore et la faune du plateau. Les périodes de sécheresse plus fréquentes pourraient à terme transformer le paysage et les pratiques pastorales.
Cependant, des initiatives locales visent à préserver ce patrimoine unique. Des projets de tourisme durable et de valorisation des produits locaux émergent, offrant de nouvelles perspectives pour découvrir la région. La randonnée sur l’Aubrac pourrait ainsi évoluer vers une expérience plus immersive, mêlant sport, culture et gastronomie.
Alors, êtes-vous prêt à vivre cette aventure unique sur les hauteurs de l’Aubrac ? Que vous soyez un randonneur chevronné ou un amateur de belles découvertes, le plateau vous attend pour vous dévoiler ses secrets millénaires et ses paysages à couper le souffle. N’oubliez pas : chaque pas sur ce sentier est un voyage dans le temps et une immersion dans une nature préservée. À vous de jouer !
Très bon commentaire pour découvrir notre si beau plateau de l Aubrac. Très bonne lecture, il faut s y rendre pour le découvrir.
Il y a beaucoup d’erreurs pour le kilométrage ….des cascades du déroc pour rejoindre st chely d’Aubrac ce serait plutôt 12km300 et non 2km3 .
J’ai eu la chance de traverser l’Aubrac en avril 2023, sous un beau soleil et une température idéale, ce qui m’a laissé un souvenir inoubliable de cette partie du Chemin de Compostelle. Je revois ces blocs de granit impressionnants, dans ce désert magnifique qu’offre le plateau. Un sentiment de liberté totale vous envahit lors de cette traversée, on ne peut qu’avoir envie d’y revenir. C’est donc avec un immense plaisir que j’ai lu cet article qui décrit à la perfection cette rencontré avec l’Aubrac !