11,2 kilomètres de sentiers chargés d’histoire sillonnent la Vallée de la Blanche, offrant aux randonneurs un voyage dans le temps à travers des hameaux oubliés.
Cette boucle au dénivelé positif de 429 mètres vous emmène de Saume Longe à l’Immerée, culminant à 1550 mètres d’altitude. Entre forêts reboisées et chapelles restaurées, chaque pas résonne du murmure des générations passées qui ont façonné ce paysage unique des Alpes-de-Haute-Provence.
La renaissance de la forêt de La Blanche : un reboisement salvateur
L’histoire de la randonnée dans la Vallée de la Blanche commence bien avant que les premiers sentiers ne soient tracés. Entre 1862 et la Grande Guerre, un vaste projet de reboisement a transformé ces pentes autrefois dénudées. Cette initiative visait à prévenir l’érosion qui menaçait la région de catastrophes naturelles. Aujourd’hui, les pins qui bordent le chemin sont les témoins silencieux de cette renaissance écologique.
En entamant votre randonnée depuis le parking situé à 800 mètres de Saume Longe, vous marchez littéralement dans les pas de ceux qui ont redonné vie à cette forêt. Le contraste entre les zones reboisées et les clairières offre une leçon vivante sur l’impact de l’homme sur son environnement et la résilience de la nature.
Seyne-les-Alpes : un village gallo-romain aux mille visages
Bien que votre itinéraire ne passe pas directement par Seyne-les-Alpes, ce village mérite un détour avant ou après votre randonnée.
Ses origines gallo-romaines et son riche passé défensif en font un véritable livre d’histoire à ciel ouvert. Dominé successivement par les Comtes de Provence et marqué par les guerres de religion, Seyne-les-Alpes a su préserver son patrimoine tout en retrouvant sa vocation agricole.
La citadelle Vauban, joyau architectural classé aux Monuments Historiques, surplombe fièrement le village.
Fortifiée au XVIIe siècle sur ordre de Louis XIV, elle offre un panorama saisissant sur la vallée que vous allez parcourir. C’est l’occasion idéale de prendre de la hauteur et de visualiser l’étendue de votre future randonnée.
Le ravin de Reybaud : premier défi technique de la randonnée
Votre aventure débute véritablement au ravin de Reybaud, premier point névralgique du parcours.
Après avoir franchi le vallon, une descente sur votre gauche vous attend. Ce passage marque la transition entre la piste carrossable et un sentier plus étroit qui longe le ravin. La vigilance est de mise, surtout par temps humide, car le terrain peut devenir glissant.
Ce tronçon de 1,5 km vous fait perdre environ 100 mètres d’altitude.
Le sentier serpente à travers une végétation mêlant pins sylvestres et chênes pubescents, offrant par moments des échappées visuelles sur le fond du ravin. Gardez un œil sur le balisage jaune (PR) qui vous guidera jusqu’au hameau de Vière.
Vière : un hameau figé dans le temps
Après environ 3 km de marche, vous atteignez Vière, premier village abandonné de votre périple.
Ce hameau, autrefois vibrant de vie, est aujourd’hui un témoignage poignant du dépeuplement des zones rurales.
La chapelle restaurée, qui sert désormais d’abri pour les randonneurs, mérite une pause contemplative.
À côté de la chapelle, une habitation privée avec son jardinet soigneusement entretenu offre un contraste saisissant avec les ruines environnantes.
C’est ici que vous pourrez observer la troisième partie de l’œuvre d’art « Edge stones : Vière et les moyennes montagnes », une installation qui dialogue avec le paysage et l’histoire du lieu.
Le Galèbre : quand le torrent guide vos pas
En quittant Vière, votre chemin rejoint le lit du Galèbre.
Ce torrent de montagne sera votre compagnon de route sur plusieurs kilomètres, rythmant votre progression de son chant cristallin. Suivez-le vers l’amont, en restant attentif aux changements de direction du sentier.
Ce tronçon, long d’environ 2 km, vous fait contourner un éperon rocheux avant de vous ramener dans une prairie ouverte. C’est l’occasion d’observer la flore alpine typique : gentianes, edelweiss et alisiers côtoient ici les pins et les mélèzes.
Gardez l’œil ouvert, car c’est dans ces prairies que vous aurez peut-être la chance d’apercevoir marmottes ou chamois.
Pié Fourcha : les vestiges d’une vie pastorale
Après avoir traversé le Galèbre, vous atteignez les ruines de Pié Fourcha.
Ce hameau abandonné, situé à environ 1400 mètres d’altitude, offre un aperçu saisissant de la vie rude des montagnards d’antan.
La chapelle, restaurée par la commune de Prads-Haute-Bléone, se dresse comme un phare au milieu des vestiges.
Prenez le temps d’explorer les ruines, en respectant bien sûr les lieux.
Les murets de pierre sèche qui bordent le chemin sont de véritables œuvres d’art, témoins du savoir-faire ancestral des bâtisseurs locaux.
C’est ici, à mi-parcours, que vous pourrez faire une pause bien méritée et peut-être pique-niquer à l’abri d’un pan de mur encore debout.
L’Immerée : le point culminant de votre randonnée
Laissant Pié Fourcha derrière vous, le sentier s’élève progressivement vers l’Immerée.
Cette section représente le défi physique le plus important de la randonnée, avec un dénivelé positif d’environ 150 mètres sur 2 km. Le chemin devient plus étroit et parfois moins visible, nécessitant une attention accrue au balisage.
À 1550 mètres d’altitude, l’Immerée marque le point culminant de votre parcours.
L’effort est récompensé par des vues panoramiques spectaculaires sur la Vallée de la Blanche et les sommets environnants, certains dépassant les 2700 mètres. C’est l’endroit idéal pour une pause contemplative et pour reprendre des forces avant la descente.
Le retour vers Saume Longe : entre vallons et robines
La dernière partie de votre randonnée vous ramène vers votre point de départ. Après avoir franchi à nouveau le Galèbre, le sentier serpente à travers une succession de vallons et de robines – ces formations géologiques typiques des Alpes du Sud, façonnées par l’érosion.
Ce tronçon de 3 km offre une variété de paysages, alternant entre zones boisées et prairies ouvertes. Restez vigilant car le terrain peut être instable par endroits, surtout après des épisodes pluvieux. La descente progressive vous permet d’apprécier une dernière fois la diversité de la flore locale avant d’atteindre le hameau de Saume Longe.
La draille de La Chandelette : sur les pas des troupeaux
Bien que ne faisant pas directement partie de votre itinéraire, la draille de La Chandelette mérite une mention. Cette voie de transhumance traditionnelle, qui traverse la forêt de La Blanche, est un témoignage vivant des pratiques pastorales ancestrales. Les troupeaux l’empruntent encore aujourd’hui, préservant ainsi les jeunes pousses de la forêt.
Si votre randonnée coïncide avec la période de transhumance, généralement en juin et septembre, vous pourriez avoir la chance d’assister à ce spectacle impressionnant. Le passage des moutons et des bergers est un moment fort qui rappelle l’importance de l’élevage dans l’histoire et l’économie de la région.
Curiosités naturelles : du séquoia géant au cèdre centenaire
À proximité de votre parcours, près de la maison forestière de Bellevue, se dressent deux arbres remarquables : un séquoia géant et un cèdre vieux de 150 ans. Bien que ces espèces ne soient pas natives de la région, leur présence témoigne des expérimentations forestières menées au fil des siècles.
Ces arbres majestueux offrent un contraste saisissant avec la végétation environnante et constituent un point d’intérêt supplémentaire pour les amateurs de botanique. Leur observation permet de comprendre l’évolution des pratiques de sylviculture et d’apprécier la diversité des essences qui cohabitent dans cette forêt unique.
Que nous réserve l’avenir de la Vallée de la Blanche ?
Au terme de cette randonnée de 11,2 km à travers la Vallée de la Blanche, vous aurez parcouru bien plus qu’un simple sentier. C’est un voyage dans le temps et dans l’histoire des Alpes-de-Haute-Provence que vous venez d’accomplir. Les villages abandonnés, les forêts reboisées et les traditions pastorales encore vivaces racontent une histoire complexe d’adaptation et de résilience.
Alors que vous reprenez votre souffle au parking de Saume Longe, prenez un moment pour réfléchir à l’avenir de ces lieux. Comment préserver ce patrimoine unique tout en permettant son exploration responsable ? Les initiatives de restauration, comme celle de la chapelle de Pié Fourcha, et les efforts de reboisement montrent une voie possible. En tant que randonneur averti, vous faites désormais partie de cette histoire en constante évolution.
Pour approfondir votre expérience et préparer au mieux votre randonnée, n’hésitez pas à consulter les ressources officielles. Le site de Rando Alpes de Haute-Provence offre des informations détaillées et le fichier GPX du parcours. Le Géoparc de Haute-Provence propose quant à lui des éclairages fascinants sur la géologie et l’histoire de la région. Bonne randonnée !