200 kilomètres de sentiers serpentant entre lacs cristallins et volcans endormis.
Le GR30, Tour des Lacs d’Auvergne, offre un voyage à travers le temps géologique, où chaque pas révèle l’histoire tumultueuse de la formation du Massif Central.
Des eaux paisibles du lac Pavin aux pentes abruptes du Puy de Sancy, ce parcours mythique traverse des paysages façonnés par le feu et la glace, invitant le randonneur à une immersion totale dans un écrin naturel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La Bourboule : le point de départ d’une aventure lacustre
Nichée à 850 mètres d’altitude, La Bourboule marque le début et la fin de cette boucle épique.
Cette station thermale, lovée dans la vallée de la Dordogne, offre un dernier confort avant de s’élancer sur les chemins.
Le dénivelé commence doucement, permettant aux jambes de s’échauffer sur les premiers kilomètres qui longent la rivière tumultueuse.
Équipement recommandé : chaussures de randonnée montantes, bâtons télescopiques pour les montées à venir, et un sac à dos de 30-40L pour une autonomie de plusieurs jours. N’oubliez pas la gourde : l’eau des sources volcaniques sera votre compagne tout au long du périple.
Vers Orcival : la montée en puissance
Les 22 kilomètres séparant La Bourboule d’Orcival constituent une mise en jambe sérieuse. Le sentier s’élève progressivement, offrant des panoramas de plus en plus vastes sur les Monts Dore.
Au 15ème kilomètre, le lac de Servières apparaît comme une récompense, son eau d’un bleu profond contrastant avec le vert des prairies environnantes.
Point technique : Attention au passage du Puy de l’Angle, où le dénivelé s’accentue brusquement sur 2 kilomètres. Les bâtons seront précieux pour soulager les genoux à la descente vers Orcival.
L’étape royale : d’Orcival à Aydat par les puys
Cette section de 25 kilomètres traverse le cœur de la Chaîne des Puys. Le balisage blanc et rouge du GR est impeccable, mais la vigilance est de mise dans les zones de pâturage où les vaches auvergnates règnent en maître. Le Puy de Dôme se dresse à l’horizon, sentinelle immémoriale dominant ses frères volcaniques.
Au pied du Puy de la Vache, prenez le temps d’observer les bombes volcaniques, ces roches projetées lors des éruptions il y a des millénaires. Le lac d’Aydat, plus grand lac naturel d’Auvergne, marque la fin de cette étape exigeante mais ô combien gratifiante.
Saint-Nectaire : entre fromages et eaux thermales
L’étape vers Saint-Nectaire est plus courte (18 km) mais ne manque pas d’intérêt. Le sentier longe d’abord le lac d’Aydat avant de s’élever vers les plateaux. Les prairies verdoyantes sont le royaume des vaches Salers, dont le lait donne naissance au célèbre fromage local.
« Quand vous arrivez à Saint-Nectaire, cherchez la fontaine pétrifiante. L’eau chargée en minéraux transforme tout objet en pierre en quelques mois. C’est la magie des sources thermales qui opère encore aujourd’hui. »
– Marie Dubois, guide du patrimoine auvergnat
Besse-et-Saint-Anastaise : un voyage dans le temps médiéval
Les 20 kilomètres qui mènent à Besse sont un régal pour les yeux et l’esprit. Le sentier serpente entre les lacs Pavin et Chauvet, deux joyaux d’origine volcanique aux eaux limpides. Besse, avec ses ruelles pavées et ses maisons à colombages, semble figée dans le temps. C’est l’occasion de faire une pause bien méritée et de goûter à la truffade locale.
Conseil de pro : Au lac Pavin, guettez le phénomène de « retournement des eaux » qui se produit à l’automne et au printemps, créant des remous fascinants à la surface.
L’appel du Cézallier : de Brion à Égliseneuve-d’Entraigues
Cette étape de transition (28 km) marque l’entrée dans le Cézallier, territoire de hauts plateaux balayés par les vents. Les forêts laissent place à des étendues herbeuses à perte de vue, ponctuées de burons, ces abris de pierre où l’on fabrique encore le fromage de façon traditionnelle.
Faune à observer : C’est le royaume du Milan royal. Ces rapaces majestueux planent au-dessus des prairies, profitant des courants ascendants pour chasser.
Saint-Genès-Champespe : entre lacs et tourbières
Les 22 kilomètres jusqu’à Saint-Genès-Champespe offrent un contraste saisissant. Le sentier traverse des zones humides uniques, véritables éponges naturelles qui régulent le débit des rivières. Le lac de la Landie, niché dans un écrin de verdure, invite à une pause contemplative.
Équipement spécifique : Des guêtres seront appréciées dans les passages humides, surtout en début de saison quand la fonte des neiges gorge les sols d’eau.
La dernière ligne droite : de Chareire à La Bourboule
Les 30 derniers kilomètres ramènent le randonneur vers son point de départ. Le Mont-Dore se profile à l’horizon, annonçant la fin du périple. Le sentier redescend progressivement, offrant une dernière fois des panoramas à couper le souffle sur les volcans d’Auvergne.
« Après 200 kilomètres, quand on aperçoit La Bourboule nichée dans sa vallée, c’est toujours un moment d’émotion. On a l’impression d’avoir fait le tour d’un monde à part, façonné par les forces de la Terre. »
– Jean Volclair, accompagnateur en montagne depuis 30 ans
Préparer son aventure : les détails pratiques
Quand partir ?
La période idéale s’étend de mai à octobre. En dehors de cette période, certains refuges sont fermés et les conditions météorologiques peuvent être difficiles.
Où dormir ?
- La Bourboule : Camping la Marmotte, Domaine du Marais
- Besse-et-Saint-Anastaise : Camping Les Vernières
- Mont-Dore : Hôtel*** du Parc
Ravitaillement
Chaque étape offre des possibilités de ravitaillement, mais il est prudent de partir avec des provisions pour la journée. Les villages traversés proposent des épiceries et boulangeries pour reconstituer les stocks.
Le GR30 : un concentré de biodiversité
Le parcours traverse des écosystèmes variés, chacun abritant une faune et une flore spécifiques. Des gentianes qui tapissent les prairies d’altitude aux loutres discrètes qui peuplent les ruisseaux, chaque jour réserve son lot de découvertes naturalistes.
À ne pas manquer : l’observation des chamois au petit matin, notamment dans les zones rocheuses près du Puy de Sancy. Leurs silhouettes se découpent dans la brume, offrant un spectacle inoubliable.
Sécurité et respect de l’environnement : les règles d’or
Le GR30 traverse des espaces naturels sensibles. Il est crucial de respecter quelques règles simples :
- Restez sur les sentiers balisés pour préserver la flore fragile
- Emportez vos déchets
- N’allumez pas de feu
- Respectez la quiétude de la faune, surtout en période de reproduction
En cas d’urgence, le numéro à composer est le 15 (SAMU). La couverture réseau est généralement bonne, mais il est prudent d’avoir une batterie externe pour son téléphone.
Et après le GR30 ?
Une fois cette boucle achevée, l’Auvergne a encore beaucoup à offrir. Pourquoi ne pas enchaîner avec le GR89, qui retrace une partie du voyage de Montaigne en 1581 ? Ou bien le GR65, qui mène vers Saint-Jacques-de-Compostelle ? Chaque sentier raconte une nouvelle histoire, invite à une nouvelle aventure.
Le GR30 n’est qu’une porte d’entrée vers les merveilles géologiques et naturelles de l’Auvergne. Il laisse en chaque randonneur une empreinte indélébile, un appel à revenir explorer ces terres façonnées par le feu et l’eau. Alors, prêt à laisser votre trace sur les chemins des lacs et des volcans ?
Pour préparer votre aventure, n’hésitez pas à consulter le site officiel du GR30 où vous trouverez toutes les informations à jour, ainsi que le précieux fichier GPX du parcours.