446 kilomètres. C’est la distance parcourue par le GR 223, également connu sous le nom de Sentier des Douaniers, le long du littoral normand.
De Carentan au Mont-Saint-Michel, ce chemin de grande randonnée offre une immersion totale dans les paysages changeants et l’histoire riche du Cotentin.
Entre falaises vertigineuses et marais mystérieux, le GR 223 révèle une Normandie sauvage et préservée, où chaque pas est une nouvelle découverte.
Les marais du Cotentin : un écosystème unique au fil des saisons
Le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin est l’un des joyaux de ce parcours.
Sur plus de 30 kilomètres, le sentier serpente à travers ces zones humides exceptionnelles, offrant un spectacle naturel qui se métamorphose au gré des saisons.
Au printemps, les marais s’éveillent dans une explosion de verdure. Les oiseaux migrateurs, de retour de leurs quartiers d’hiver, animent les cieux de leurs ballets aériens.
C’est le moment idéal pour observer les cigognes, qui nichent en nombre dans la région.
L’été voit les prairies se couvrir de fleurs sauvages, créant un tapis multicolore où butinent abeilles et papillons.
Les randonneurs attentifs pourront apercevoir le discret râle des genêts, un oiseau emblématique des marais.
L’automne pare les marais de teintes chaudes, du jaune doré au rouge flamboyant.
C’est la saison des grandes migrations, où des milliers d’oies et de canards font escale dans ces zones humides.
L’hiver transforme radicalement le paysage. Les marais inondés créent un miroir d’eau à perte de vue, reflétant le ciel gris perle.
Cette « blanchie », comme l’appellent les locaux, offre un spectacle fascinant et unique en France.
Le Nez de Jobourg : 128 mètres de vertige face à la Manche
À mi-chemin entre Cherbourg et Barneville-Carteret, le Nez de Jobourg se dresse comme un géant de granit face à l’océan. Ce cap impressionnant, culminant à 128 mètres au-dessus des flots, offre l’un des panoramas les plus saisissants du GR 223.
Le sentier longe la falaise sur près de 3 kilomètres, alternant montées raides et descentes abruptes. Le dénivelé cumulé atteint 250 mètres, exigeant une bonne condition physique. Des garde-corps sécurisent les passages les plus exposés, mais la prudence reste de mise, surtout par temps venteux.
Au sommet, le spectacle est à couper le souffle. Par temps clair, le regard porte jusqu’aux îles anglo-normandes de Jersey et Guernesey. Les plus chanceux pourront observer le ballet des dauphins et des phoques dans les eaux en contrebas.
« Le Nez de Jobourg, c’est notre petit bout du monde. Quand la mer se déchaîne contre ces falaises millénaires, on se sent tout petit face à la nature. C’est un endroit magique, où l’on vient se ressourcer et se rappeler l’essentiel. »
– Marie Leclerc, garde littoral depuis 15 ans
Les Tours Vauban de Tatihou : 330 ans d’histoire maritime
À quelques encablures de Saint-Vaast-la-Hougue, l’île de Tatihou et ses tours Vauban classées au patrimoine mondial de l’UNESCO constituent une étape incontournable du GR 223.
Ces fortifications, érigées à la fin du 17e siècle pour protéger la rade de Saint-Vaast, témoignent du génie militaire de leur concepteur.
L’accès à l’île se fait à marée basse, par un chemin submersible de 1,2 kilomètre. Il est impératif de consulter les horaires des marées avant de s’y aventurer. Une fois sur l’île, un sentier circulaire de 3 kilomètres permet d’en faire le tour, offrant des vues imprenables sur la côte et les autres ouvrages défensifs de la baie.
La visite des tours est possible d’avril à novembre. Leurs terrasses, culminant à 30 mètres au-dessus de la mer, offrent un point de vue exceptionnel sur le Val de Saire et la pointe de Barfleur.
Les plages du Débarquement : 5 km chargés d’Histoire
Entre Sainte-Marie-du-Mont et Vierville-sur-Mer, le GR 223 longe les plages d’Utah et Omaha Beach, théâtres du Débarquement allié du 6 juin 1944. Sur 5 kilomètres, le sentier alterne entre plages de sable fin et falaises escarpées, offrant un contraste saisissant entre la beauté naturelle des lieux et leur passé tragique.
Des vestiges du Mur de l’Atlantique sont encore visibles le long du parcours, rappelant la violence des combats qui s’y sont déroulés. Le cimetière américain de Colleville-sur-Mer, avec ses 9387 tombes blanches parfaitement alignées, constitue un lieu de recueillement poignant.
Ce tronçon du GR 223, bien que facile techniquement, demande une attention particulière. Les blockhaus et autres ouvrages militaires peuvent présenter des dangers. Il est recommandé de rester sur le sentier balisé et de respecter les zones interdites d’accès.
La Pointe de la Hague : 6,5 kilomètres de bout du monde
À l’extrémité nord-ouest du Cotentin, la Pointe de la Hague offre l’un des paysages les plus sauvages et spectaculaires du GR 223. Sur 6,5 kilomètres, le sentier épouse les contours déchiquetés de la côte, alternant criques secrètes et falaises vertigineuses.
Le dénivelé cumulé atteint 350 mètres, avec des passages techniques nécessitant une bonne condition physique. Des échelles métalliques sécurisent les sections les plus abruptes, mais la prudence reste de mise, surtout par temps humide.
Le phare de Goury, dressé face à l’océan depuis 1837, marque le point culminant de cette section. Sa lanterne, située à 47 mètres au-dessus du niveau de la mer, offre une vue imprenable sur le Raz Blanchard, réputé pour ses courants parmi les plus violents d’Europe.
La flore de la Hague, adaptée aux conditions extrêmes, recèle des trésors pour les botanistes. On y trouve notamment l’oseille des rochers et l’armérie maritime, plantes endémiques des côtes rocheuses de la Manche.
« La Hague, c’est un condensé de Normandie à l’état brut. Quand le vent souffle et que les vagues s’écrasent sur les falaises, on se sent au bout du monde. C’est dur, c’est beau, c’est la Hague. »
– Jean-Pierre Letourneur, pêcheur et guide local
Le Mont-Saint-Michel : point d’orgue majestueux du GR 223
Ultime étape du Sentier des Douaniers, le Mont-Saint-Michel se dresse comme une apparition au milieu de sa baie. Les 7 derniers kilomètres du GR 223 offrent une approche unique de ce joyau du patrimoine mondial.
Le sentier traverse d’abord les herbus, ces prés salés inondés à marée haute. La progression peut être délicate, surtout après les grandes marées qui modifient le terrain. Il est impératif de se renseigner sur les horaires des marées et de respecter les consignes de sécurité.
À mesure que l’on s’approche du Mont, le chemin se fait plus ferme. Les 350 derniers mètres se font sur la nouvelle passerelle, offrant une vue imprenable sur la silhouette emblématique de l’abbaye.
L’arrivée au pied du Mont marque la fin du GR 223, mais pas celle de l’aventure. La montée des 350 marches jusqu’à l’abbaye constitue un dernier défi, récompensé par une vue époustouflante sur la baie et ses immenses étendues de sable.
Hébergements : du gîte rustique au refuge confortable
Le GR 223 offre une grande variété d’hébergements, adaptés à tous les budgets et tous les styles de randonnée. Les gîtes labellisés Gîtes de France Manche constituent une excellente option, alliant confort et authenticité.
Parmi les meilleures adresses, citons :
- Le Bigachon à Canville-la-Rocque : 4 personnes, 2 chambres, excellent 4.6/5 (16 avis)
- La Clérauderie à Teurthéville-Bocage : 6 personnes, 3 chambres, excellent 4.6/5 (13 avis)
- Le Grand Saulle à Saint-Maurice-en-Cotentin : 6 personnes, 3 chambres, excellent 4.8/5 (8 avis)
- L’Atelier des Rêves à Cherbourg-en-Cotentin : 2 personnes, 1 chambre, superbe 5/5 (54 avis)
Pour les randonneurs en quête d’une expérience plus rustique, des refuges et des aires de bivouac jalonnent le parcours. Il est recommandé de réserver à l’avance, surtout en haute saison.
Saveurs locales : une pause gastronomique bien méritée
Le Cotentin regorge de spécialités culinaires qui raviront les papilles des randonneurs. À Cherbourg-en-Cotentin, plusieurs restaurants proposent une cuisine locale de qualité :
- Le Quai des Mers : Situé face au port, ce restaurant propose des plats de poissons et fruits de mer d’une fraîcheur incomparable.
- Maître Corbeau : Une adresse incontournable pour goûter aux spécialités normandes revisitées avec créativité.
- La Cocotte du Cotentin : Ce bistrot chaleureux met à l’honneur les produits du terroir dans une ambiance conviviale.
Ne manquez pas de goûter aux produits emblématiques de la région : les huîtres de Saint-Vaast, le cidre du Cotentin AOC, ou encore le fameux camembert de Normandie AOP.
Informations pratiques : bien préparer son aventure
Pour profiter pleinement du GR 223, une bonne préparation est essentielle. Voici quelques points clés à retenir :
- Équipement : Chaussures de randonnée imperméables, vêtements adaptés aux conditions changeantes, bâtons de marche pour les passages techniques.
- Meilleure période : De mai à septembre pour des conditions optimales, mais chaque saison offre son charme unique.
- Transport : Des navettes et des vélos en libre-service à Cherbourg-en-Cotentin facilitent les déplacements entre les étapes.
- Sécurité : Respectez les consignes locales, notamment concernant les marées. Les numéros d’urgence sont le 15 (SAMU), 18 (pompiers) et 17 (police).
- Fichier GPX : Disponible sur OpenRunner sous le numéro de route 18709819 pour une navigation précise.
Le GR 223 : une aventure à votre portée ?
Le Sentier des Douaniers offre une immersion totale dans la richesse naturelle et historique du Cotentin.
Que vous soyez randonneur chevronné ou marcheur occasionnel, ce GR recèle des trésors adaptés à tous les niveaux. Alors, prêt à partir à la découverte de cette Normandie sauvage et authentique ?
N’oubliez pas que la meilleure façon de préserver ces paysages exceptionnels est de les parcourir dans le respect de l’environnement. Bon chemin !