En Haute-Savoie, les gestionnaires de la réserve naturelle des Contamine-Montjoie viennent de proclamer l’interdiction du bivouac dans les secteurs de l’alpage de Plan Jovet et des lacs Jovet du 1er juillet au 31 août 2024.
L’écosystème de ces zones, qui accueillaient jusqu’à une centaine de campeurs par nuit, commençait à montrer des signes de fragilisation. Une dégradation environnementale qui pourrait cependant être considérablement limitée en respectant quelques gestes de bon sens.
Mode d’emploi du parfait campeur responsable.
Petit rappel sur la philosophie du bivouac
Le bivouac se définit comme un campement sommaire, léger et temporaire installé en milieu naturel et sauvage. Pratiqué sous tente ou à la belle étoile en, en randonnée ou en voyage, il se différencie du camping sauvage par sa durée limitée à une nuit et son équipement plus rudimentaire.
Bivouac responsable : mode d’emploi
Choisir le bon emplacement
Tout campeur écoresponsable vous le dira : « les bons campings se trouvent, ils ne se font pas ».
Autrement dit : un emplacement déjà occupé par le passé vaut mieux qu’un site vierge de toutes traces humaines.
Lors de votre installation, évitez par ailleurs d’étendre la zone.
Pour les grands groupes, préférez diviser le campement en plusieurs petits spots, de façon à limiter les perturbations environnementales.
Si vous n’avez pas d’autre choix que de vous installer dans une zone non aménagée, prenez le temps d’étudier l’environnement proche. Gardez en tête les règles suivantes :
- Évitez d’installer la tente sur des tapis de végétations particulières ;
- Changez d’emplacement en cas d’empreintes d’animaux au sol ;
- Installez-vous à une distance minimum de 70 mètres des lacs et rivières.
Considérer l’option hamac
Le hamac est une alternative de choix à la tente. Il évite en effet toute action sur les sols (nivellement, tranchée, piquetage) et prévient la dégradation des couverts végétaux. Résultat : son empreinte sur l’environnement est quasi nulle, à condition d’utiliser des suspensions appropriées.
Pour cela, il est recommandé d’utiliser des sangles de deux à trois centimètres de large tout autour de l’arbre, de façon à ne pas endommager les tissus de bois. Idéal pour ne laisser presque aucune trace de votre passage.
Se tenir à distance des animaux
La faune locale constitue un écosystème fragile. Des règles élémentaires s’imposent afin de préserver leurs comportements naturels et limiter le risque de transmission de maladies :
- Ne pas nourrir les animaux, au risque d’altérer leur régime alimentaire, voire de les empoisonner ;
- Ne pas les toucher, a fortiori si ce sont des bébés (la mère risquerait de les rejeter du fait de la modification de leur odeur) ;
- Ne pas laisser traîner de déchets, même enfermés dans des sacs poubelle ;
- Stocker la nourriture dans des contenants prévus à cet effet durant la nuit.
Rester sur les sentiers
Après une longue journée de marche, la tentation est grande d’aller au plus court. En piétinant des zones naturelles, vous contribuez cependant à créer les prémisses d’un nouveau sentier. Suite à votre premier passage, il y a fort à parier que d’autres randonneurs se sentent autorisés à l’emprunter, avec comme principale conséquence la mort de la végétation écrasée. Pendant et après l’installation de votre bivouac, veillez donc à rester sur les sentiers.
Bannir l’utilisation de produits chimiques
Vaisselle, lessive, douche, attaque de moustiques : les occasions sont nombreuses d’utiliser des produits chimiques en bivouac, avec un impact considérable sur la biodiversité locale. Heureusement, des alternatives naturelles existent pour un campement éphémère 100 % écolo :
- Vaisselle : savon de Marseille au naturel ;
- Lessive : savon de Marseille au naturel ou lessive biodégradable ;
- Hygiène corporelle : savon, shampooing et dentifrice solides naturels, lingettes démaquillantes lavables ;
- Crème solaire : produit sans composant chimique à base de filtres UV minéraux ou crème solaire biodégradable certifiée Ecocert® ;
- Antimoustique : spray antimoustique certifié bio, moustiquaire portable, huiles essentielles.
Limiter et emporter ses déchets
La gestion des déchets est un pilier central du bivouac écoresponsable. Le principe est simple : en produit le moins possible et prévoir des sacs poubelle pour les transporter jusqu’à un point de collecte prévu à cet effet. Cette précaution concerne absolument tous les déchets, y compris organiques. Les coquilles d’œufs et autres épluchures peuvent en effet impacter certains micro-organismes ou perturber le régime alimentaire de la faune sauvage. Voici quelques tips pour réduire vos déchets lors d’une expédition en bivouac :
- Prévoyez des sacs en tissu, des sachets vrac et des bee’s wrap afin de limiter les emballages à usage unique au moment de faire le plein de provisions et d’emballer votre pique-nique ;
- Misez sur la vaisselle réutilisable : bol et assiette en inox léger, couverts pliants, gobelet (avec anse mousqueton pour s’accrocher facilement au sac), serviette en tissu, etc.
- Emportez une gourde en inox isotherme ou une gourde filtrante si nécessaire ;
- Pensez à votre cendrier de poche si vous êtes fumeur ;
- Prenez les brochures et prospectus informatifs en photo plutôt que de les utiliser et de les jeter dans la foulée.
Lors d’un bivouac, se pose également la question des besoins naturels. Pour vous soulager en mode écoresponsable, veillez à choisir un spot éloigné d’au moins 50 mètres d’un point d’eau. Dans l’idéal, emportez avec vous une petite truelle afin d’enfouir vos besoins à une vingtaine de centimètres sous terre. Enfin, le papier toilette n’est pas réellement biodégradable. Prévoyez-donc de l’emporter avec le reste de vos déchets. La nature vous dira merci !
Éviter les feux de camp
Bivouac et feu de camp vont généralement de pair dans l’imaginaire collectif. Pour autant, faire un feu en pleine nature est presque toujours interdit par la loi, et ce quels que soient l’endroit et la période de l’année. L’alternative ?
Un petit réchaud, une option un peu moins « Robinson Crusoé », mais qui ne laisse pas de trace dans le paysage. Lorsque le feu est autorisé sur une zone de bivouac, utilisez si possible les emplacements déjà brûlés par d’autres randonneurs, limitez sa taille et dispersez les cendres froides avant votre départ.
Adopter un comportement écoresponsable
Le bivouac écoresponsable est avant tout une question de bon sens. Le principe est simple : au moment de votre départ, votre passage ne doit pas avoir laissé de trace.
Le programme international de préservation de l’environnement « Leave No Trace » (littéralement « Ne pas laisser de trace ») rappelle les sept principes suivants :
- Se préparer et prévoir
- Utiliser les surfaces durables
- Gérer adéquatement ses déchets
- Laisser intact ce que l’on trouve
- Minimiser l’impact des feux
- Respecter la vie sauvage
- Respecter les autres
Se renseigner sur la réglementation en vigueur
Le bivouac est une pratique réglementée, encadrée, voire interdite dans nombre de lieux. En France, il est par exemple interdit de bivouaquer :
- Dans les réserves naturelles ;
- Dans les forêts, parcs et espaces boisés « à conserver » ;
- Dans les sites classés « zones de protection du patrimoine de la nature et des sites »
- À moins de 200 mètres d’un point d’eau potable ;
- À moins de 500 mètres d’un monument classé ou inscrit « historique »
- En bord de mer ;
- Sur les chemins et terrains privés ;
- Sur les chemins et routes publics ;
- À proximité d’un refuge de montagne, sauf autorisation du gardien.
Si les parcs régionaux et nationaux tolèrent généralement la pratique, celle-ci est souvent encadrée dans un objectif de conservation de la biodiversité locale. Se renseigner en amont permet d’adopter un comportement écoresponsable une fois sur place.