Dans notre société actuelle dominée par les réseaux sociaux, beaucoup de gens sont obsédés par l’idée de prendre des photos parfaites pour obtenir davantage de likes ou de partages.
Le mois dernier, une gondole a chaviré en Italie après que des touristes ont refusé d’arrêter de faire des selfies et de s’asseoir…
La recherche du selfie parfait pousse certains individus à prendre des risques extrêmes qui peuvent entraîner des incidents tragiques, tels que des chutes mortelles, des accidents de circulation, des rencontres dangereuses avec des animaux sauvages ou encore des noyades.
Des conséquences alarmantes
Quelques états de faits :
- En 2023, lors du Tour de France, un spectateur cherchant à se prendre en photo avec les cyclistes a provoqué une chute collective de 20 coureurs durant la 15ᵉ étape.
- L’année dernière, la ville de Portofino, dans le nord de l’Italie, a temporairement interdit les selfies dans certaines zones afin d’éviter l’encombrement de ses ruelles étroites.
- Entre 2008 et 2021, on dénombre 379 décès liés aux selfies dans le monde, dont 37,2% impliquent des voyageurs plutôt que des locaux.
- En 2019, la randonneuse « bikini climber » est décédée après une chute dans un ravin, elle était montée malgré des mauvaises conditions pour capturer un selfie au sommet.
- Dans le grand canyon, chaque année, on compte de nombreux morts qui ont transpassé les barrières pour avoir une « meilleure photo »…
Bref, des histoires comme celles-ci, il y en a des centaines, malheureusement.
Selon cette étude, ce sont plus de 379 morts dans les 13 dernières années liées de près ou de loi à des selfies.
Sur ces 379 décès, 37,2 % concernaient des voyageurs, et non des habitants. Les chutes de hauteur représentent 49,9 % des décès, suivies des accidents de transport (28,4 %) et des noyades (15,3 %).
L’âge moyen des victimes de selfie au cours de cette période était de 24,4 ans. Les femmes étaient plus susceptibles d’être blessées mortellement dans des chutes de hauteur et des rencontres avec des animaux, tandis que les hommes étaient plus nombreux à être tués dans des risques liés aux transports.
Même si ces chiffres sont déjà préoccupants, une étude publiée dans le Journal of Family Medicine and Primary Care suggère que les décès liés aux selfies seraient largement sous-estimés, car ils ne sont généralement pas répertoriés en tant que cause de décès.
Selfies dangereux : un problème à traiter sérieusement
Une analyse scientifique menée par l’Université de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney, en Australie, indique que les médias ont tendance à présenter les selfies dangereux comme des actes stupides et égoïstes, rejetant souvent la faute sur les victimes.
Cependant, l’étude souligne également que les selfies font désormais partie intégrante de notre quotidien.
C’est pourquoi ces chercheurs estiment que la prise de selfies à risque devrait être considérée comme un problème de santé publique.
En reconnaissant ces comportements dangereux comme des problèmes de santé publique plutôt que de blâmer et d’humilier les victimes, nous pourrions commencer à mettre en place des mesures de prévention et d’éducation.
Bannir les zones à risques
Faisant suite à cette approche, certaines villes et lieux touristiques ont choisi d’instaurer des « no-selfie zones » pour limiter les accidents :
- A Mumbai, en Inde, les autorités locales ont identifié des lieux interdits aux selfies tels que les plages, les sites de festival ou les attractions touristiques.
- À Pamplona, en Espagne, il est désormais illégal de prendre des selfies durant l’encierro, la célèbre course de taureaux, après plusieurs accidents impliquant les coureurs et les spectateurs.
Les initiatives à l’échelle internationale
Aux États-Unis, l’État de New York a instauré une loi prohibant les photos avec les animaux sauvages, à moins qu’il n’y ait une barrière physique entre la personne et l’animal.
De même, à Lake Tahoe, les visiteurs sont encouragés à ne pas faire de selfies avec les ours, car cela représente un danger majeur tant pour l’homme que pour l’animal.
Mesures préventives et éducation
Pour endiguer le phénomène des selfies dangereux et mieux protéger le public, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Lancer des campagnes de sensibilisation sur les dangers liés à la prise de selfies dans certaines situations.
- Informer et responsabiliser les utilisateurs et influenceurs sur les réseaux sociaux, qui peuvent avoir un impact significatif sur les comportements de leurs abonnés.
- Instaurer des réglementations et des amendes pour dissuader les comportements à risque.
- Promouvoir des zones sécurisées dans les lieux touristiques pour la prise de selfies.
Il est essentiel de prendre au sérieux le problème des selfies dangereux, pour que chacun puisse profiter pleinement de ses voyages et sorties sans mettre sa vie en péril.
Le défi principal sera de trouver un équilibre entre le désir de partager des moments uniques sur les réseaux sociaux et la responsabilité individuelle face aux dangers potentiels.