À l’origine construits pour orienter les randonneurs en milieu naturel, les cairns font aujourd’hui l’objet d’un engouement sans précédent, grandement encouragé par les réseaux sociaux.
Malheureusement, empiler quelques pierres les unes sur les autres est loin d’être anodin.
Ces amas de cailloux artificiels participent en effet à la dégradation de l’environnement et de sa fragile biodiversité.
Alors qu’aucun site touristique n’échappe à cette mode, il est grand temps de revenir à une pratique raisonnée du cairn. Voici pourquoi.
#1 Parce que construire des cairns partout brouille les repères
Les cairns n’ont pas vocation à « faire joli » dans la nature, loin de là. En montagne surtout, mais également dans d’autres zones naturelles, ces amas de pierres répondent à différentes utilités :
- Baliser un itinéraire lorsque le marquage d’origine risque d’être recouvert (après qu’il ait neigé par exemple) ;
- Signaler un danger ;
- Servir de point de repère sur des sentiers non balisés ;
- Marquer un site important ;
- Rendre hommage à une personne défunte.
Vous l’aurez compris, construits n’importe où, les cairns perdent leur rôle de points de repère et peuvent alors induire les randonneurs en erreur.
Si c’était encore le cas il y a quelques années, aujourd’hui, croiser un empilement de pierres sur le bord de la route ne signifie pas forcément que vous vous trouvez sur le bon chemin.
#2 Parce que les cairns détruisent la biodiversité
Si la multiplication des cairns est un problème pour l’orientation des randonneurs, elle l’est encore davantage pour la biodiversité.En effet, les cailloux de nos montagnes, forêts, plages et déserts servent de refuge à des milliers d’espèces, dont certaines menacées d’extinction.
Ainsi, se laisser tenter par la construction d’un cairn peut suffire à éteindre de minuscules et fragiles colonies jusqu’alors viables.
En août 2022, le Parc national des Calanques interpellait les promeneurs sur cette pratique dans un communiqué intitulé « Stop aux cairns géants dans les Calanques ».
Dans cette région du territoire, quatre espèces sont directement impactées par l’effet de mode des cairns : la tarente de Maurétanie, le scorpion à pattes jaunes, l’émidactyle verruqueux et le cloporte.
De la même façon, les cairns érigés dans les lits des rivières sont un véritable désastre pour l’écosystème aquatique.
Si la faune se voit retirer de potentiels abris dans le cours d’eau, le déplacement des cailloux impacte également la reproduction des espèces botaniques (crambe maritime, algues, etc.).
Avec la multiplication des cairns, la préservation de la biodiversité, aussi fragile que précieuse, est donc en jeu.
#3 Parce que les cairns dégradent l’environnement
Troisième bonne raison de mettre fin à cette pratique : les sites confrontés à une construction effrénée de cairns font face à un phénomène d’érosion accéléré.
Un phénomène qui s’explique de plusieurs façons :
- La mise à nu du sol. Les cailloux servent de protection naturelle au sol. Une fois dépourvus de leur couverture de pierre retirée pour ériger des cairns, les sols se retrouvent exposés à la pluie, aux ruissellements, aux piétinements des randonneurs et au vent. Sur les plages, les cailloux servirent également à protéger le littoral de l’érosion des vagues.
- Un processus de revégétalisation perturbé. Les pierres servent non seulement à protéger les sols, mais également à « emprisonner » les graines. Elles évitent ainsi qu’elles ne s’envolent au premier coup de vent, permettant la revégétalisation des sols. Conséquence : un terrain mis à nu est un terrain où la végétation ne pousse presque plus. La commune de la Trinité-sur-Mer fait notamment face à ce problème, constatant une nette diminution de la présence des grandes herbes, qui contribuent par ailleurs à limiter l’affaissement des dunes de sable.
- Une végétation aux alentours piétinée par les randonneurs. Parfois construits directement sur le chemin, les cairns obligent alors les marcheurs à les contourner. Résultat : le sentier d’origine s’élargit au détriment de la végétation aux abords du tracé originel.
À certains endroits, les promeneurs en manque de pierres vont même jusqu’à creuser le sol pour en trouver.
C’est notamment ce qu’ont pu constater les conservateurs du Cap Fréhel, avec une destruction importante de la dune et de l’estran.
Rappelons ici que le processus de formation d’un sol se compte en milliers d’années.
Or, remettre en place les pierres après les avoir déplacées ne suffit pas à réparer les dégâts causés sur l’environnement. Voilà donc une autre bonne raison de résister à la tentation de la construction.
#4 Parce que construire des cairns incite les autres randonneurs à faire de même
La construction d’un cairn en elle-même n’est pas vraiment un problème. Comme nous avons pu le voir précédemment, cela peut même être d’une grande aide aux randonneurs égarés.
Cependant, un cairn dans le paysage sert bien souvent de déclencheur à la construction de dizaines d’autres, les promeneurs souhaitant ajouter leur pierre à l’édifice ou bâtir leur propre tour de pierre. Résultat : plusieurs dizaines de mètres cubes de roches peuvent être déplacés sur un même site, et ce en une seule saison.
S’abstenir de construire un cairn dans un lieu encore vierge de tout empilement reste encore la meilleure façon de prévenir le phénomène.
Cela sans compter l’engouement que connaissent ces petites constructions sur les réseaux sociaux.
À ce jour, les hashtaghs #rockbalancing et #rockstacking comptent plusieurs centaines de milliers de référencements rien que sur Instagram.
De beaux clichés qui cachent malheureusement une réalité bien moins belle.
Lire aussi : Des centaines de cairns détruits par les écogardes du Mont Ventoux, pour une bonne raison
#5 Parce que les cairns peuvent mettre en danger la vie petits randonneurs
Poussés par la volonté de faire « toujours plus », certains randonneurs n’hésitent pas à s’armer de patience et sortir les muscles pour ériger des cairns de la taille d’un être humain, voire d’un très grand être humain !
Ainsi, des cairns géants de plus de deux mètres de haut ont déjà été repérés dans le parc national des Calanques.
Dans ce cas, le risque est réel de blesser un promeneur et notamment un enfant en cas d’écroulement de la construction.
#6 Parce que construire des cairns est tout simplement interdit dans les zones protégées
Enfin, si les arguments précédents ne vous ont pas encore totalement convaincus, sachez que la pratique est tout simplement interdite dans certaines zones du territoire, à savoir :
- Les sites classés et inscrits ;
- Les sites faisant l’objet d’un arrêté de protection de biotope ;
- Les réserves naturelles régionales.
Certaines communes ont également publié des arrêtés interdisant la construction de cairns.
Ainsi, le village de Saint-Pierre-d’Oléron en Charente-Maritime a été le premier à voter leur interdiction en 2016 après avoir constaté les répercussions de la pratique sur l’environnement et la sécurité des marcheurs.
Les contrevenants s’exposent à une amende allant de 135 € à 1 500 € selon les régions et les sites concernés.
L’article L415-3 du Code de l’environnement prévoit même jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende sur les sites protégés en cas d’atteinte intentionnelle aux habitats naturels, à la biodiversité et/ou aux sites d’intérêt géologique.
Un très bon article qui sera lu sauf par celles et ceux qui créent tous ces cairns bidon parce que wah j’ai fait une œuvre d’art et je me prends en photo avec pour la poster sur insta t’as vu #kifflarando #trobellealamontagne
N’importe quoi, je randonne depuis 50 ans dans les Pyrénées et ça existait que ce soit côté français ou espagnol.
Une simple carrière en montagne détruit 1000 fois plus que ces cairns, arrêtez de vouloir tout imposer et interdire.
C’est ridicule, il faut arrêter de brimer constamment les citoyens, le fait d’empiler quelques pierres ne va pas faire disparaitre la biodiversité de la nature. il y a des millions d’hectares de nature sauvage dans le monde, ce ne sont pas même des dizaines de milliers de cairns qui vont changer cela. D’autres scientifiques diraient que les cairns sont bénéfiques et abritent insectes, lézards, mulots etc….
Bonjour, entièrement d’accord.
Je fais de la randonnée depuis l’âge de 12 ans et j’en ai 62, s’il n’y avait pas eu ces cairns et bien je me serai perdu nombres de fois.
Arrêtons ces interdits.
Laissez donc la nature dans son état naturel! On a pas besoin de cela. Ça n’apporte rien à part une petite fierté mal placée à celui qui le fait.
Ce mimétisme social consistant à imiter ce qui se fait au Népal, au Tibet, m’a toujours paru ridicule (comme ceux qui mettent des lignes de petits fanions de couleur au balcon avec des fanions blancs des prières? écrites et les superstitions y afférentes).
C’est bien simple, quand je randonnais en montagne il y a 60 ans, il n’y en avait pas un seul. J’approuve donc leur « destruction par les écogardes du mont Ventoux ».
N’importe quoi, je randonne depuis 50 ans dans les Pyrénées et ça existait que ce soit côté français ou espagnol.
Une simple carrière en montagne détruit 1000 fois plus que ces cairns, arrêtez de vouloir tout imposer et interdire.
Et les rochers de nos montagne qui s’écroulent nos falaise qui tombent les glaciers qui fondent à vue d’œil nos forêts qui flambent par le réchauffement climatique, pour qui l amende et l emprisonnement ,les prairies ou il ne faut pas marcher quitte à couper le passage d un GR ,et cette agricultures intensifs qui n’a rien à faire de la bio diversités ,nos rivière polluer pas les métaux lourd, la mer envahies par des iles de plastique ou les annimeaux perde la vie remplis de plastique .vous ne croyez pas quil y a deux poids deux mesure ,au parvi de nos mairie il y a écrit égalité fraternité et liberté je ne suis pas sur que cela va rester.
Je randonne depuis plus de 40 ans en montagne et je n’ai jamais vu de cairn gigantesques qui détruirait la nature.
En revanche, messieurs les amateurs du retour au temps passé où tout était merveilleux, sachez que jusque dans les années 40 où nos ancêtres vivaient dans et de la montagne, ils s’erreintaient à dépierrer partout où ils pouvaient cultiver et faire paître leurs animaux. Et que faisaient ils de toutes ces pierres ? Des énormes tas qu’ils n’appelaient pas cairns…mais qui pouvaient servir de murets, de séparations entre propriétés etc… Et que je saches, ces montagnards (des vrais pour le coup!) n’ont pas détruit la nature, ils l’ont au contraire, protégée.