La montagne est belle, apaisante, mais également dangereuse.
Elle offre la possibilité de profiter de paysages somptueux, été comme hiver, et de pratiquer une grande variété d’activités sportives : randonnée, escalade, canyoning, ski, pour n’en citer que certaines.
Sans oublier l’alpinisme, une pratique quelque peu délaissée puisqu’on ne dénombre pas plus de 150 000 alpinistes en France, amateurs et professionnels confondus.
Pourtant, cette discipline donne l’opportunité de se dépasser, de vivre une aventure humaine et de ressentir le grand frisson.
Il se pourrait bien que ce manque de notoriété soit lié à ses dangers.
Nous vous proposons de découvrir les règles de sécurité à suivre pour une expédition en toute tranquillité.
Alpinisme et escalade, deux activités distinctes mais pleines de similitudes
En discutant avec d’autres personnes, vous vous apercevrez assez vite que nombreuses sont celles qui font un amalgame entre ces deux disciplines qui ont toutes deux l’ascension pour objectif.
Il est donc essentiel de faire un petit point.
Côté environnement, bien que les salles d’escalade soient devenues très à la mode ces dernières années, cette discipline se pratique essentiellement sur des falaises et des parois rocheuses et ne nécessite pas nécessairement une altitude élevée.
L’alpinisme, en revanche, se déroule généralement en haute montagne et implique l’ascension de sommets et de glaciers à altitudes élevées avec des conditions météorologiques plus extrêmes.
Alors que les escaladeurs se concentrent sur les diverses techniques de grimpe, les alpinistes, quant à eux, doivent maîtriser un large éventail de compétences incluant l’utilisation d’un matériel spécifique, la navigation en montagne, les terrains extrêmement variés et exigeants ainsi que l’ensemble des risques liés à la haute montagne, à l’altitude et aux conditions météo.
Il s’agit donc de deux sports comportant des risques importants et dont la chute peut être fatale, mais l’alpinisme s’avère de loin plus dangereux. Il est alors essentiel de suivre à la lettre certaines règles de sécurité.
Les règles de sécurité en alpinisme
Les règles de sécurité sont absolument cruciales pour minimiser les risques. En voici quelques-unes :
#1 : évaluer les conditions météorologiques
Avant une expédition d’alpinisme, il est obligatoire de consulter les prévisions météorologiques et de faire un point avec les autres alpinistes plus expérimentés du coin.
En effet, les changements en montagne sont rapides, dangereux et souvent imprévisibles. Il faut donc s’assurer d’un départ sous les meilleurs auspices, car, même dans ce cas, on n’est jamais à l’abri d’un revirement de situation.
On ne part que lorsque l’on est suffisamment préparé pour faire face aux conditions attendues, et il ne faut jamais hésiter à repousser de quelques jours jusqu’à ce que le temps s’améliore et à abandonner ou à faire demi-tour si les conditions sont trop extrêmes.
#2 : disposer d’un équipement adéquat
Lorsque l’on part en randonnée alpinisme, on ne prépare pas son équipement à la légère, car un matériel de qualité et complet assure votre sécurité, alors qu’un outil défaillant ou oublié peut causer votre perte.
Voici la liste des équipements de sécurité nécessaires :
- Des vêtements adaptés au froid extrême pour éviter l’hypothermie (veste imperméable, couche isolante, gants, bonnet, chaussettes appropriées, etc.) ;
- Un casque pour protéger la tête des chutes de glace et de pierres ;
- Des crampons pour une bonne adhérence sur la glace et la neige ;
- Des piolets qui permettent d’escalader la glace et de s’auto-assurer en cas de chute ;
- Des cordes pour l’assurage, l’auto-sauvetage et la progression en terrain difficile ;
- Des harnais pour bénéficier d’un point d’attache pour la corde ;
- Des broches à glace ainsi que des sangles et mousquetons afin de créer des points d’ancrage solides lors de l’escalade en glace ou pour la construction d’ancrages ;
- Des lunettes de soleil et de la crème solaire pour se prémunir contre l’exposition au soleil qui est intense ;
- Un sac à dos suffisamment grand pour transporter l’équipement, les vêtements supplémentaires et la nourriture.
#3 : planification et communication
Une expédition en montagne doit être planifiée minutieusement. En dehors des conditions météo, il est essentiel de vérifier les sources d’eau et les points d’évacuation.
Par ailleurs, il est crucial de systématiquement informer quelqu’un de l’itinéraire prévu et de l’heure de retour, et d’établir des protocoles de communication clairs avec les membres de l’équipe, car en cas de danger ou d’accident, il faut être en mesure de réagir immédiatement.
#4 : la formation
Avant de partir, il est essentiel de choisir un itinéraire adapté à son niveau d’expérience et de suivre différentes formations sur :
- Les différentes techniques de grimpe et de cordée selon les terrains ;
- L’utilisation du matériel ;
- Les gestes de premiers secours ;
- La gestion des risques pour être en mesure d’appréhender les zones trop dangereuses ;
- La navigation en montagne.
#5 : l’encordement, une règle de survie
Cette technique implique la connexion des membres par une corde pendant la progression en montagne.
Les méthodes d’encordement varient en fonction du terrain et du nombre de personnes dans l’équipe (court, long, en mouvement, sur glacier) et doivent se coupler avec une bonne communication entre les membres.
Son objectif est de :
- Assurer la sécurité collective en cas de chute ;
- Faciliter le sauvetage en cas d’incident ;
- Limiter la distance de glissade en cas d’avalanche ;
- Répartir la tension de la corde en cas de chute en crevasse.
Accidentologie de l’alpinisme
Les chiffres des secours
Selon une étude, parmi les 12 activités de montagne ayant nécessité des secours, l’alpinisme représente :
- 10 % du volume de secours ;
- Un taux de mortalité de 9 % ;
- L’alpinisme en neige est caractérisé par un volume de secours (40 %) plus élevé que l’alpinisme rocheux (18 %) ;
- La 2ᵉ activité de montagne la plus risquée après la spéléologie ;
- 41 % des accidents sont liés aux chutes ;
- Dans 22 % des cas, il s’agit de personnes bloquées ;
- 13 % des accidents sont consécutifs à une chute de pierres ;
- 3 % des accidents sont liés à une avalanche.
Quelques exemples d’accidents d’alpinisme
Respecter les règles de sécurité en alpinisme est essentiel. Voici quelques accidents qui ont été causés par le non-respect de ces règles :
- En 1967, un accident de cordée a eu lieu sur le Mont McKinley (ou mont Denali) en Alaska. Entre les conditions extrêmes et de mauvaises décisions de cordée, la cordée principale a alors été séparée en plusieurs petits groupes et 7 personnes sont décédées ;
- Un accident s’est produit sur le Mont Blanc en 2012 car un groupe d’alpinistes a ignoré les conditions météorologiques défavorables et l’avertissement quant au risque d’avalanche. Le bilan définitif a été porté à 9 morts ;
- En 2008, lors de la même ascension sur le K2, entre les erreurs humaines, une avalanche et des problèmes d’équipement (et notamment de leur dispositif d’ancrage) ayant engendré une chute, 11 grimpeurs ont péri.