À cause d’un déficit de neige au cours de l’hiver et une canicule record que connait la France depuis plusieurs semaines maintenant, les alpinistes souhaitant gravir le Mont-Blanc font face à d’énormes crevasses et des chutes de pierres, ce qui rend l’accès et l’ascension du Mont Blanc particulièrement dangereuse.
Cette année est fortement marquée par une sécheresse et une canicule record. Entre incendie et effondrement de glaciers, les températures extrêmes ont aussi une incidence sur l’accès au Mont Blanc, au grand dam des alpinistes amateurs, où l’accès devient de plus en plus compliqué.
Pour le moment, aucune des sept voies menant au sommet du Mont Blanc à 4 807 m d’altitude n’est fermée, mais les conditions d’accès se dégradent tellement rapidement en cette fin juillet que seuls quelques expérimentés s’aventurent dans son ascension.
Selon Olivier Grébert, président de la Compagnie des guides de Chamonix, seul une vingtaine de personnes par jour, tous expérimentés, tentent son ascension. En temps normal, on compte entre 100 et 120 personnes.
Déficit de neige
Cet hiver a particulièrement été marqué par un manque de neige en altitude, qui fait aujourd’hui apparaître de vastes portions de glaciers nus grisâtes, voire jaunâtres, à cause des poussières de sable venues du Sahara.
La chaleur et les températures extrêmes ont fait le reste en provoquant la fonte de ponts de neige, qui permettent habituellement de franchir les crevasses. Cela entraine souvent des éboulements, ce qui rend l’ascension du Mont Blanc de plus en plus dangereux.
« Peut-être l’année prochaine … »
Au pied du Mont Blanc, à Chamonix, la saison continue toutefois de battre son plein avec les touristes venus en nombre cette année et qui se pressent au sommet de l’Aiguille du Midi (3 842 m), où ils arrivent tous les jours par milliers grâce au téléphérique reliant Chamonix (1 038 m) à l’Aiguille du Midi et permettant d’admirer son panorama exceptionnel sur le Mont Blanc.
Sur l’Aiguille du Midi, peu nombreux sont les alpinistes à chausser/déchausser les crampons en cette fin juillet. Les quelques alpinistes amateurs présents sur place font vite demi tour, au regard de la dangerosité que présente l’accès du Mont Blanc cette année.
Parmi eux, on retrouve l’Écossais Evan Warden, accompagné de son fils de 14 ans, David. Tous deux sont venus faire un tour sur le glacier en contrebas de l’Aiguille. L’enthousiasme a laissé place à l’incertitude quand le jeune garçon, formé à la montagne en Écosse, découvre avec son père des conditions « affreuses » .
Partout où nous marchions, il y avait des chutes de pierres et des crevasses qui s’ouvraient en permanence
Tous deux espéraient gravir le Mont Blanc mais ont dû renoncer à ce projet, jugé « trop risqué ». « Peut-être l’année prochaine… Il sera là demain, il sera là le mois prochain et l’année prochaine. Il ne bougera pas », philosophe le père pour se rassurer, lui et son fils.
Des conditions incertaines
Monica et Marten Antheun, un couple de quadragénaires norvégiens se faisaient eux aussi une joie à l’idée de faire l’ascension du Mont Blanc après trois ans d’attente. Ils avaient réservé pour le jour même ou le lendemain, se désolé Marten auprès de la Compagnie des Guides de Chamonix.
En raison des chutes de pierres fréquentes qui dévalent le couloir du Goûter et que l’on connait aussi sous le nom de « couloir de la mort », l’ascension par cette voie « normale » est suspendue provisoirement et ce depuis la mi-juillet, ont annoncé les Compagnies des guides de Chamonix et de Sainte-Gervais.
On se souvient de cette vidéo, relayé par Le Point et datant du 15 juillet, qui montre un éboulement monstrueux sur le couloir du Goûter, l’un des points de passage pour atteindre le sommet du Mont-Blanc. On comprend donc assez vite la décision prise par les Compagnies des Guides de Chamonix.
Les températures extrêmes que connait la France depuis plusieurs semaines maintenant déstabilisent la montagne, comme le relève Noé Vérité, gardien du refuge des Cosmiques qui se situe sur la voie des Trois-Monts, une des autres voies possibles pour accéder au Mont Blanc.
6 degrés, c’est la température qu’il avait récemment relevé à son refuge, à 3 613 m d’altitude, en pleine nuit ! Les conditions se dégradent de jour en jour, constate-t-il. Selon lui, la saison risque d’être fortement compromise avec un mois de juillet qui résulte de nombreuses annulations.